À Charles Spon, le 16 décembre 1653, note 34.
Note [34]

Tout ce paragraphe a servi pour forger une partie d’une lettre, datée du 30 décembre 1653, adressée à Charles Spon dans Du Four (édition princeps, 1683, no xlvi, pages 155‑157) et Bulderen (no lxxviii, tome i, 217‑219) et à André Falconet dans Reveillé-Parise (no ccccxv, tome iii, 18‑20).

Il correspond exactement à la page de droite du manuscrit (fo 134 ro). Outre quantité de soulignements, plusieurs ajouts (lignes marginales et horizontales) indiquent des retranchements ou des déplacements à opérer, avec cette annotation : « Tout cecy/ se trouve/ dans la/ lett. […]/ du 1er vol. » Cette référence à plusieurs volumes établit que les premiers éditeurs des Lettres (Jacob Spon et Charles Patin) n’ont pas rédigé cette note, puisque leur recueil ne comptait qu’un seul volume ; mais il est instructif, à titre d’exemple, de montrer ce qu’ils ont fait de ce texte (Du Four, 1683, pages 155‑156) :

« Pour le livre de M. Chifflet, je vous en enverrai un à la première occasion. Cette poudre de quinquina {a} n’a par deçà aucun crédit. Les fous y ont couru parce qu’on la vendait bien cher ; mais l’effet ayant manqué, on s’en moque aujourd’hui. J’avais traité une fille de la fièvre quarte si heureusement que l’accès était réduit à 2 heures seulement. Sa mère, impatiente, ayant entendu le bruit que faisait cette poudre des jésuites, en acheta une prise 40 francs, font elle avait grande espérance à cause du grand prix. Le premier accès après cette prise fut de 17 heures, et beaucoup plus virulent qu’aucun autre qu’elle eût < eu > auparavant. Aujourd’hui, cette mère a peur de la fièvre de sa fille et a grand regret de son argent. Voilà comment le monde va, qui n’est qu’un sot et veut être trompé. Cette poudre est fort chaude et ne purge en aucune façon. Ils disent qu’elle est diaphorétique, ce sont des fictions, aussi bien que tout ce que l’on dit de la chair des vipères, dont peu de nos gens se servent, si ce n’est les suppôts des apothicaires ; néanmoins, je pense que pour la grader à telles fins que de raison, l’esprit de sel y est fort bon, ou même l’infusion en eau-de-vie et la sécher à l’ombre. » {b}


  1. Sur le manuscrit, « du Kinkina » a été ajouté dans l’interligne et pourrait être de la plume de Charles Patin ; « de Kinkina » dans la version imprimée (dont j’ai modernisé l’orthographe et la ponctuation).

  2. Les jésuites n’ont plus droit qu’à une discrète mention, mais le coq-à-l’âne final, du quinquina à la chair de vipère, est rendu assez difficile à comprendre.

Je ne suis pas allé plus loin dans la comparaison entre les textes manuscrits et imprimés, mais on pourrait sans doute y apprendre plus sur la mentalité et les préventions de Charles Patin en recensant les censures et les remaniements qu’il a opérés au cours de son travail d’édition (v. note [9] des Premiers éditeurs des Lettres choisies).

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Charles Spon, le 16 décembre 1653, note 34.

Adresse permanente : https://www.biusante.parisdescartes.fr/patin/?do=pg&let=0334&cln=34

(Consulté le 29/03/2024)

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