Autres écrits : Ana de Guy Patin :
L’Esprit de Guy Patin (1709),
Faux Patiniana II-7, note 34.
Note [34]

Moréri a tiré ces détails (contestés par les historiens modernes) du fameux portrait que Nicholas Sanders a donné d’Anne Boleyn (livre i, pages 11 vo‑12 vo) :

« Or Anne de Boulen fut de haute stature de corps, ayant les cheveux noirs, la face un peu longuette, la couleur jaunâtre, comme si elle eût eu la jaunisse, ayant une dent quelque peu avançant en la gencive d’en-haut ; en sa main droite, s’engendrait un sixième doigt, comme aussi lui croissait sous le menton je ne sais quelle bosse ou enflure, dont, pour couvrir et cacher cette difformité, tant elle que les dames et damoiselles de la cour commencèrent, à son imitation, à couvrir leur col et poitrine, combien qu’auparavant elles les eussent découvertes. Quant au reste de la proportion de son corps, elle semblait plus belle et plus gentille. Il apparaissait en ses lèvres une beauté naïve ; < elle > était fort accorte à deviser, à baller, {a} à jouer des instruments de musique ; < tout > comme elle était fort propre en habillement, inventant journellement quelque nouvelle façon d’accoutrements ; en quoi elle servit comme de patron et miroir à tous les courtisans et courtisanes ; mais quant au portrait intérieur de l’âme, elle était superbe sur tout, ambitieuse, envieuse et fort abandonnée à ses plaisirs. À l’âge de quinze ans, après qu’elle eut enduré d’être dépucelée, premièrement par le sommelier de Thomas de Boulen, puis après par le chapelain ou aumônier du même Thomas, elle fut incontinent envoyée en France ; où étant nourrie aux dépens du roi Henri chez un gentilhomme non loin de Brières, {b} quelque peu de temps après, s’en alla en la cour du roi de France, où elle vécut si impudiquement que les Français l’appelaient coutumièrement la haquenée {c} ou jument d’Angleterre. Et depuis qu’elle fut reçue en la familiarité du roi de France, on commença à l’appeler la mule du roi. Davantage, elle était adonnée à la secte luthérienne, {d} afin que sa religion ne fût point différente de sa vie ; si ne laissait-elle pas pourtant d’ouïr la messe, à la manière des catholiques, étant à ce comme forcée, tant pour l’accointance qu’elle avait avec le roi très-chrétien, que pour l’ambition qu’elle s’était proposée. »


  1. Danser.

  2. Aujourd’hui Brières-les-Scellé, près d’Étampes, en Île-de-France (Essonne), à 47 kilomètres au sud-ouest de Paris.

  3. Petit cheval ou pouliche qui va à l’amble.

  4. Anne ayant séjourné en France de 1514 à 1522 (v. supra note [32]), il est impossible qu’elle y ait eu connaissance du luthéranisme, conçu à Wittemberg en 1517 et établi par la Confession d’Augsbourg en 1530 (v. note [15], lettre 97). La Réforme de Zwingli (Zurich, 1523, v. note [44], lettre 183) a diffusé en Europe avant celle de Luther, et paraît avoir exercé plus d’influence qu’elle sur le schisme anglican (v. infra note [37], notule {c}).

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – Autres écrits : Ana de Guy Patin :
L’Esprit de Guy Patin (1709),
Faux Patiniana II-7, note 34.

Adresse permanente : https://www.biusante.parisdescartes.fr/patin/?do=pg&let=8220&cln=34

(Consulté le 28/03/2024)

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