À Charles Spon, le 22 février 1656, note 35.
Note [35]

Montglat (Mémoires, pages 313‑314) :

« Depuis l’an 1652, M. le duc d’Orléans s’était retiré à Blois, après avoir pris l’amnistie ; mais il n’avait jamais voulu se raccommoder avec le cardinal Mazarin ; et par cette raison, il ne venait point à la cour et ne bougeait de Blois. Cette fierté désespérait le cardinal, qui eût bien souhaité de regagner ses bonnes grâces à cause du rang qu’il tenait de fils de France et d’oncle du roi. Il avait gagné ceux qui étaient le mieux auprès de lui ; mais comme ils y trouvaient grande répugnance, le cardinal, connaissant son esprit fort timide, {a} faisait quelquesfois courir le bruit que le roi était averti qu’il avait conservé intelligence avec le prince de Condé et les Espagnols, et que Sa Majesté voulait aller à Blois pour s’assurer de lui ou le pousser hors du royaume. Ces bruits l’étonnaient car il ne songeait qu’à vivre en repos dedans sa maison ; mais ce qui le fâcha le plus fut qu’on retrancha une partie de ses pensions, sans lesquelles il ne pouvait plus vivre avec la splendeur avec laquelle il avait toujours vécu. Là-dessus, ceux qui étaient gagnés par le cardinal lui représentaient que tant qu’il serait mal avec lui, il le serait aussi avec le roi et par conséquent, jamais en repos. Ils le faisaient souvenir des persécutions qu’il avait souffertes du cardinal de Richelieu, qui n’était pas plus puissant qu’était à présent le cardinal Mazarin, qui pourrait le traiter de même. Ils lui disaient qu’il était heureux de ce que celui-ci avait l’esprit plus doux et moins violent que l’autre, et pardonnait facilement les offenses, et même recherchait ses bonnes grâces avec empressement. Ils le trouvèrent si disposé à se laisser persuader que le cardinal Mazarin, sachant que tout allait selon son désir, voulut faire les premiers pas pour rendre ses respects à Son Altesse Royale ; et au commencement de février, {b} il envoya son neveu Mancini, {c} avec le duc de Damville {d} et l’abbé de Palluau, {e} son maître de chambre, à Blois pour témoigner à Son Altesse Royale la joie qu’il avait d’être rentré dans ses bonnes grâces. Il fut parfaitement bien reçu et traité par ses officiers ; et M. le duc d’Orléans l’assura qu’il irait bientôt retrouver le roi, comme il fit peu de temps après. » {f}


  1. Peureux.

  2. 1656.

  3. Philippe-Julien Mancini, v. note [10], lettre 372.

  4. V. note [48], lettre 294.

  5. Gilbert de Palluau, v. note [6], lettre 477, avec méprise de Guy Patin, qui croyait qu’il s’agissait de son frère aîné, Philippe de Palluau, maréchal de Clérambault depuis 1653 (v. note [44], lettre 156).

  6. En août 1656.

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Charles Spon, le 22 février 1656, note 35.

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(Consulté le 29/03/2024)

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