À Charles Spon, le 3 décembre 1658, note 35.
Note [35]

Denis de La Haye (1633-1722), fils de Jean (v. note [3], lettre 539), ambassadeur à Constantinople, était alors aux côtés de son père. Il lui succéda d’ailleurs dans cette ambassade en décembre 1665 et y demeura jusqu’en 1670 (v. note [1], lettre 955) ; puis il fut ambassadeur à Venise de 1684 à 1701.

Le Grand Seigneur était le Grand Turc (ou sultan ottoman), Mehmed iv (v. note [12], lettre 184) ; Soliman était son lointain prédécesseur, Soliman ier, dit le Magnifique (1495-1566, Grand Turc en 1520).

C’était la suite de l’affaire des lettres diplomatiques chiffrées que le grand vizir Mehmed Pashha Köprülü avait interceptées sur la trahison du renégat français Vertamont (v. note [4], lettre 539), mais Guy Patin se trompait en annonçant la mort de Köprülü, qui ne survint qu’en 1661 (v. note [11], lettre latine 183).

La mère de Mehmed iv était la sultane Turhan Hatice (vers 1628-1683) qui avait pris la régence de la Turquie après avoir fait assassiner sa belle-mère Kensym (ou Kösem) en 1651. Voici ce que dit Jean Chardin dans son Journal (page 15‑16) sur les suites des lettres compromettantes apportées par le traître Vertamont aux Turcs :

« Monsieur de La Haye, qui avait su le dessein de Vertamont et ce qu’il allait faire à la cour, et qui d’ailleurs connaissait le naturel du grand vizir, la disposition de son esprit ennemi et l’importance de ce qui se passait, ne douta point que le paquet intercepté ne lui fît une grande affaire. […] Il était au lit travaillé de la pierre, tellement qu’il ne put aller à Andrinople lorsqu’il reçut l’ordre de s’y rendre. Il fit dire au caïmacan qui lui envoya cet ordre de la part du grand vizir, qu’il était au lit et qu’il lui était impossible de se mettre en chemin, qu’il enverrait son fils en sa place. […]

Cela irritait toujours de plus en plus le grand vizir. Monsieur de La Haye, le fils, le trouva en cette méchante humeur lorsqu’il arriva à Andrinople ; et lui ayant répondu peut-être avec un peu plus de fermeté que la circonstance ne le requerrait, Köprülü, que la passion emportait, le fit outrager en sa personne {a} et le fit emprisonner en une tour qui est attachée aux murailles d’Andrinople en disant “ Qu’il ne fallait pas endurer dans le député d’un ambassadeur, quoique son fils, ce qu’il faudrait endurer dans l’ambassadeur même. ” »


  1. C’est-à-dire battre, ou pire…

V. note [14], lettre 663, pour les suites de cette affaire.

Imprimer cette note
Citer cette note
x
Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Charles Spon, le 3 décembre 1658, note 35.

Adresse permanente : https://www.biusante.parisdescartes.fr/patin/?do=pg&let=0547&cln=35

(Consulté le 29/03/2024)

Licence Creative Commons