À Gilles Ménage, le 20 juillet 1651, note 35.
Note [35]

Page 654, Ménage écrivait du mot vérole, pris au sens de variole (petite vérole, v. note [4], lettre 81), et non de syphilis (grande vérole) :

« De variola, à cause qu’elle varie et diversifie par des taches la couleur du visage. C’est pourquoi, dit le président Fauchet au livre de l’Origine des armoiries, il faudrait écrire vairole. {a} Turnèbe sur ce mot de Cicéron contre Isoricus, rapporté par Quintilien au chap. de risu : {b} Miror quid sit quod pater tuus homo constantissimus te nobis varium reliquit. Vari (dit-il) appellantur pustulæ quæ toto corpore, præsertimque facie nasci solent, quasdamque in vultus cavitates facere, verolas vulgo vocant. Inde varius homo dicitur per ambiguitatem vel inconstans, vel illis cavitatibus deformis. {c} Voyez vair et rougeole. Voyez aussi M. de Saumaise en son livre des Années climatériques, page 726, où il montre que cette maladie a été connue des Anciens. » {d}


  1. Origines des chevaliers, armoiries et hérauts. Ensemble de l’ordonnance, armes et instruments desquels les Français ont anciennement usé dans les guerres. Recueillies par Claude Fauchet, {i} livre i, chapitre ii, Des Armoiries, page 22 ro :

    « Quant au mot de Vair, {ii} il vient de variare, puisque les médecins appellent variola la maladie des petits enfants, qu’on doit écrire vairolle, pource qu’elle tache, et varie et diversifie la couleur du visage. »

    1. Paris, Jérémie Périer, 1600, in‑8o de 119 pages ; v. note [47] du Patiniana I‑4, pour Claude Fauchet.

    2. Le vair est un terme de blason, fait « de plusieurs petites pièces d’argent et d’azur, à peu près comme une cloche de melon ; les vairs ont la pointe d’azur opposée à celle d’argent, et la base d’argent opposée à celle d’azur » (Thomas Corneille).

  2. V. note [4], lettre 244, pour l’Institution oratoire de Quintilien, dont le chapitre iii du livre vi est intitulé De risu [Du rire].

  3. Commentaires d’Adrien Turnèbe {i} sur le susdit chapitre des Institutions oratoires de Quintilien, {ii} 5e paragraphe, page 89 ro :

    « “ Je m’étonne que ton père, qui était le plus constant des hommes, nous ait laissé quelqu’un d’aussi changeant que toi. ” {iii} On donne (dit-il) le nom de vari aux pustules qui naissent communément par tout le corps, et principalement au visage, pour y creuser des cavités ; c’est ce qu’on appelle vulgairement verolæ. Il y a donc ambiguïté quand on dit d’un homme qu’il est varius : soit il est de caractère changeant ; soit il est défiguré par ces cavités. »

    1. V. notes [2] supra.

    2. Paris Thomas Brumennius, 1586, in‑4o de 298 pages.

    3. Phrase de Quintilien sur laquelle porte le commentaire de Turnèbe qui la suit (« dit-il »).
  4. V. note [27], lettre 146, pour ce traité de Claude i Saumaise de Annis climactericis (1648). Le précepte qu’il y défendait, page 726, sur l’ancienneté de la variole, était que :

    Quæ dicuntur hodie variolæ et morbillis, rubiolas nos vocamus, non nemo credit hodiernorum medicorum antiquo ævo fuisse incognitas.

    [Plus aucun médecin moderne ne croit que les maladies qu’on appelle varioles et rougeoles, et que nous regroupons sous le nom d’érythèmes, aient été inconnues dans l’Antiquité]

    Ce qui était très probablement inconnu dans l’Antiquité était la grosse vérole (syphilis).


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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Gilles Ménage, le 20 juillet 1651, note 35.

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(Consulté le 29/03/2024)

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