À Charles Spon, le 5 mars 1652, note 36.
Note [36]

Le duc de Rohan avait rendu Angers aux troupes royales le 28 février.

Journal de la Fronde (volume ii, fo 42 ro, Paris, 15 mars 1652) :

« Le 9 du courant, on sut la vérité de ce qui s’était passé au siège et à la reddition d’Angers, par l’arrivée du sieur de Fontenailles qui était auprès du duc de Rohan, de la part de Son Altesse Royale, pendant tout le siège. Il rapporta que ce duc avait été très mal servi, premièrement par le chevalier de Jarzé qui avait laissé prendre le poste de La Pointe où il commandait avec 600 fantassins que M. de Rohan lui avait donnés, et où il se pouvait défendre avec d’autant plus de facilité qu’il n’était attaqué que par 70 dragons de Senneterre, qui s’emparèrent seuls de ce poste, où il ne voulait pas seulement mettre l’épée à la main et se laissa amener prisonnier à Saumur, dont on le laissa sauver trois jours après. En second lieu, ce duc fut trahi par le marquis de La Barre qui avait fait son traité particulier avec la cour deux jours auparavant que les habitants commençassent à capituler, comme ils firent, contre le sentiment de ce duc après que quatre pièces qu’on y avait mises en batterie eurent fait une grande brèche et que le mineur y fut attaché. Les principaux articles de leur traité sont qu’ils recevront quatre compagnies des gardes dans la ville et dans le château où elles ne feront aucun désordre ; que les habitants payeront les arrérages des tailles qu’ils doivent ; qu’il y aurait amnistie générale de tout le passé ; que le marquis de La Barre pourrait reprendre quelques pièces d’artillerie qu’il y avait fait conduire. Quant au duc de Rohan, on lui fit quantité de belles offres pourvu qu’il voulût aller à la cour ; mais il ne voulut pas s’y fier, et toute la composition qu’il fit pour lui fut qu’il sortirait comme d’une place de guerre avec son bagage et toutes ses troupes qui lui restaient, et pourrait se retirer partout où bon lui semblerait, excepté dans les Ponts-de-Cé ; et que la duchesse sa femme pourrait demeurer huit jours dans Angers pour donner ordre à ses affaires et après, se retirer où bon lui semblerait. Ce duc ayant mené 250 hommes qui lui restaient à l’armée de Son Altesse Royale, M. de Beaufort, fâché contre lui, ne les avait pas voulu recevoir ; mais dès le 9 au matin, Son Altesse Royale lui envoya ordre de les recevoir, ayant été informée de la façon dont tout s’était passé ; et M. de Rohan, pour lui en rendre compte, arriva ici [à Paris] le 11 au matin et fut fort bien reçu de Son Altesse Royale qui lui dit d’abord qu’elle savait bien qu’il n’y avait pas de sa faute et qu’il y avait procédé en homme d’honneur. »

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Charles Spon, le 5 mars 1652, note 36.

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(Consulté le 23/04/2024)

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