Autres écrits : Ana de Guy Patin :
Naudæana 2, note 36.
Note [36]

Fini Hadriani Fini Ferrariensis in Iudæos Flagellum ex Sacris Scripturis excerptum. [Finus Hadrianus Finus, natif de Ferrare, {a} le Fouet contre les juifs, extrait des Saintes Écritures]. {b}


  1. La suite de la présente note détaille l’identité de Finus.

  2. Venise, Petrus de Nicolinis de Sabio, 1538, in‑8o (huit feuilles par cahier, numérotées au seul recto, ce qui explique le format in‑4o que Gabriel Naudé et d’autres lui ont donné à tort) de 1 191 pages, en neuf livres avec un index).

    Un médiocre portrait de l’auteur, tenant son livre dans les bras, orne le frontispice, avec ces deux vers :

    Bis Finus : bis vivo : bis est mea imago superstes :
    Libro animi impressa est : corporis hac tabula
    .

    [Je suis deux fois Finus ; j’ai deux vies ; l’image qui reste de moi est double ; mon esprit est dans le livre imprimé ; cette gravure représente mon enveloppe corporelle].


Cet ouvrage d’exégèse biblique érudite, approuvé par les dominicains, est dirigé contre les interprétations que les juifs ont données des Écritures, mais non contre leur peuple. La dédicace d’un certain Alberto Savonarola, Ad librum [Au livre], n’en dissimule pas moins une vive hostilité à leur encontre :

I Liber interpide ad vipereos morsus impiorum Iudæorum, perfidorumque : ne timeas : indutus es enim armis Fini auctoris tui, tanti viri, qui finem contra ea, in quibus adversantur, imposuit : ita omnia exacte, docteque, quæ sciri, excogitarique possunt, enucleavit : ut aliena doctrina non sit opus : adeo rationabiliter, argute, et scientifice processit, ut Maledicta eorum curare non debeas. Constans ergo, ut bonus miles, esto : atque confessor Christianæ fidei nostræ, quæ in medio eorum gloriosa semper extitit immobilis. Et sicut alias nationes hæc fides nostra præcellit : ita tu dexteritate tua in laudem, et honorem cum domino tuo apud nostros et extortes præibis, i benedictus. Valeto.
Ego Albertus Savonarola manu propria subscripsi
.

[Va, livre intrépide, contre les morsures vipérines des juifs impies et perfides ! Ne crains rien car tu es protégé par les bras de Finus, ton auteur, qui a imposé d’en finir avec ce qu’il attaquait. Il a si soigneusement et doctement épluché tout ce qui peut être su et conçu qu’il n’y a plus besoin de la doctrine des autres. Il y a procédé si rationnellement, ingénieusement et scientifiquement que tu ne dois pas te soucier de leurs malédictions. Sois donc constant, tel un bon soldat, héraut de notre foi chrétienne qui, au milieu d’eux, s’est toujours montrée triomphante et inébranlable. Et, de même que cette foi qui est nôtre l’emporte sur celle des autres peuples, de même, grâce à ton habileté, avec notre Seigneur, tu tiendras, en louange et en honneur, le premier rang chez nous comme chez les exclus. Sois béni et va sereinement ton chemin !
Moi, Albertus Savonarola, {a} ai signé de ma propre main].


  1. Je n’ai pas trouvé de lien entre cet Alberto et Girolamo Savonarola (1452-1498), son bien plus célèbre frère dominicain qui dirigea la dictature théocratique de Florence de 1494 à sa mort (sur le bûcher des hérétiques).

D’autres pièces liminaires établissent que ce livre a été édité (et peut-être achevé) par Daniel Finus, fils d’Hadrianus. L’épître en vers intitulée Daniel Finus Ferrariensis ad Lectorem [Daniel Finus, natif de Ferrare, au lecteur] nous apprend que Hadrianus avait commencé à écrire son ouvrage en 1503 et mourut en 1517, âgé de 86 ans, sans l’avoir terminé. La dédicace de Daniel au prince Hercule ii d’Este, duc de Ferrare (de 1534 à 1559), datée de Ferrare le 25 août 1537, renseigne précisément sur sa famille :

Nam et Pater meus Finus ille ipse auctor hujus operis per annos sexaginta rationario fisci scripturarum Magister tanta cura, ac fide præsedit : ut non alius diligentius, et accuratius rem suam tractaverit, quam ille Principis, incredibilis enim fuit eius hominis ad res obeundas solertia. Quid Hieronymus frater meus ? qui et ipse per annos plus minus duo de quinquaginta eodem munere perfunctus est. Quod si de re mihi aliquid etiam fati licet, Nunc sane igitur annus quartus et quinquagesimus, ex quo primum variis procurationibus fisci, denique Magister scrinii publici, et rationibus ærarii Præfectus ætate iam prope affecta, ceu demum in portum provectus, in vestra benignitate conquiesco.

[Finus, mon père, est bien l’auteur de cet ouvrage, il a été pendant soixante ans premier maître des écritures comptables, charge qu’il a assurée avec plus de soin et de fidélité que nul autre, avec une incroyable habileté à régler les affaires du prince. Que dire de mon frère Hieronymus ? Pendant plus de quarante-huit ans, il a occupé le même office. S’il m’est permis de dire aussi un mot de moi, je suis maintenant âgé de cinquante-quatre ans, {a} durant lesquels j’ai d’abord assuré diverses procurations fiscales, puis j’ai été maître de la chancellerie, et enfin, déjà avancé en âge et ayant pour ainsi dire atteint mon port d’attache, comme président aux comptes du trésor, je trouve le repos à l’abri de votre bienveillance].


  1. Daniel Finus était donc né en 1483 ; la date de sa mort n’est pas connue.


Additions et remarques du P. de Vitry
(1702-1703, v. note [12] des Préfaces), pages 187‑189 :

« Daniel Finus, etc. : ni cet article, ni celui qui est dans le Patiniana, page 110, {a} ne sont point {b} exacts : ce n’est point Daniel Finus qui a fait le Flagellum adversus Judæos, et l’Hadrianus Finus qui en est l’auteur n’était point un prêtre. Il n’est peut-être point de livre imprimé dont l’auteur dût être moins confondu que de celui-ci. On a pris toutes les précautions possibles pour faire paser son nom à la postérité : outre les éloges, tant en vers qu’en prose, qu’on trouve à la tête de l’ouvrage, et dans lesquels il y a quelques particularités de sa vie, on lit cette attestation à la marge de la préface, Finus Hadrianus Ferrariensis Fino genere satus scripturarum Ducalis Fisci Magister, ac genitor meus et hujus operis auctor fuit. Et ita ego Daniel Finus scripturarum Reipublicæ Ferrariensis Magister attestor et fidem facio. {c} cet ouvrage fut commencé en 1503 et, comme on nous apprend que l’auteur fut 14 ans à y travailler sans y pouvoir mettre la dernière main, on pourrait conclure qu’il mourut vers 1517. Cette époque néanmoins n’est pas si sûre que celle de son âge, qui était de 86 ans, quand il passa de ce monde à l’autre. Il laissa deux fils qui lui succédèrent l’un après l’autre dans le maniement et l’intendance du domaine du duc de Ferrare, qu’il avait tenue pendant 60 ans. Son fils Daniel fit imprimer le Flagellum adversus Judæos en 1538 à Venise. C’est un gros in‑4o dédié à Hercule ii, duc de Ferrare. On trouve parmi les lettres de Calcagnin quelques-unes adressées à ce Daniel, et dans les poésies du même auteur, il y a une espèce d’épithalame sur le mariage de la fille unique du même Daniel Finus. » {d}


  1. V. note [55] du Patiniana I‑3.

  2. Sic.

  3. Page c ii vo du Flagellum :

    « Hadrianus Finus, natif de Ferrare, issu de la famille Finus, procureur fiscal du duché, fut mon géniteur et l’auteur de cet ouvrage. Tel est le fidèle témoignage que j’en rends, moi Daniel Finus, chancelier de la République de Ferrare. »

  4. V. infra note [37] pour Celio Calcagnini.

    • Ses quelques lettres à Daniel Finus se trouvent dans la première partie de ses Opera aliquot [Quelques Œuvres] (Bâle, 1543) ; l’une d’elles (non datée, page 169) loue le Flagellum de son père, Hadrianus.

    • Son épithalame (ode nuptiale) Ad Danielem Finum est dans le premier des trois livres de ses Carminum, pages 185‑186 de leur édition parue à Venise en 1553 (Vincentius Valgrisius, in‑8o).

Imprimer cette note
Citer cette note
x
Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – Autres écrits : Ana de Guy Patin :
Naudæana 2, note 36.

Adresse permanente : https://www.biusante.parisdescartes.fr/patin/?do=pg&let=8193&cln=36

(Consulté le 19/04/2024)

Licence Creative Commons