Autres écrits : Observations de Guy Patin et Charles Guillemeau sur les us et abus des apothicaires (1648) : ii, note 37.
Note [37]

Dans la symbolique des alchimistes, le lion vert était l’allégorie du vitriol (v. note [13], lettre 336).

Le lion furieux se réfère au surnom que les antistibiaux de la Faculté de médecine de Paris donnaient à l’antimoine, comme l’a déploré Eusèbe Renaudot à la page 4 de son Antimoine justifié… (v. supra note [9]) :

« En sorte qu’à l’imitation des peuples grossiers de Carthage qui bannirent un de leurs princes pour avoir eu la hardiesse d’apprivoiser le premier un lion, ne jugeant pas que leur liberté fût en assurance sous le gouvernement de celui qui savait adoucir une bête si sauvage, {a} ils chasseraient volontiers de leur École tous ceux qui ont trouvé les moyens de manier et employer utilement ce remède, qu’ils comparent au lion pour son naturel farouche, mais sans raison, ne le condamnant bien souvent que sur l’étiquette et sans connaissance de cause. »


  1. Note marginale de Renaudot (à laquelle j’ai ajouté les mots entre crochets, pour aider à bien la comprendre) :

    [Primus autem hominum leonem manu fractare ausus, et ostendere mansuefactum,] Hanno [e clarissimis Pœnorum traditur :] damnatus[que] illo argumento, quoniam nihil non persuasurus vir tam artificis ingenii videbatur et male credi libertas ei, cui in tantum cessisset feritas. Plin. hist. nat. l. 8 c. 16.

    [Le premier homme qu’on dise avoir osé flatter un lion de la main, et le montrer apprivoisé, est Hannon, personnage carthaginois des plus célèbres ; cela même le fit condamner : on crut qu’un homme aussi ingénieux persuaderait tout ce qu’il voudrait, et que la liberté serait en péril entre les mains de celui qui avait triomphé si complètement de la férocité. Pline, Histoire naturelle, livre viii, chapitre xvi] (même livre, chapitre xxi, dans Littré Pli, volume 1, page 327).


Jacques Perreau lui a directement répondu dans son Rabat-joie de l’Antimoine triomphant (Paris, 1654, v. note [3], lettre 380) dans ce passage contre les antimoniaux de Paris, répliquant à la mention du lion de Hannon (pages 55‑56) :

« Et ces Messieurs, tout au contraire d’un remède doux et familier, en ont fait un si furieux et si pernicieux que s’il n’est pas franc poison, il en approche de bien près ; si incorrigible et si malin qu’il fait toujours du mal, quoiqu’il paraisse parfois quelque bien ; et si traître que, tout ainsi que le lion auquel on le compare fort à propos, ne pardonne pas même à son maître qui lui fait du bien, l’étranglant tôt ou tard, lorsqu’il y songe le moins. De même cette drogue effrénée paye au bout du temps ceux qui croient se l’être rendue familière et la manient tous les jours. »

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – Autres écrits : Observations de Guy Patin et Charles Guillemeau sur les us et abus des apothicaires (1648) : ii, note 37.

Adresse permanente : https://www.biusante.parisdescartes.fr/patin/?do=pg&let=8155&cln=37

(Consulté le 16/04/2024)

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