Autres écrits : Ana de Guy Patin :
Naudæana 2, note 37.
Note [37]

Celio Calcagnini (Cælius Calcagninus, Ferrare 1479-ibid. 1541) était le fils naturel d’un protonotaire apostolique (v. note [19] du Patiniana I‑3). Éminent humaniste et diplomate italien, il avait été ordonné prêtre en 1509, après avoir servi dans les armées impériale et pontificale. Professeur de belles-lettres à Ferrare, hautement estimé par Érasme, il a influencé Rabelais et Clément Marot. Nombre de ses écrits ont été réunis dans les Cælii Calcagnini Ferrariensis Protonotarii apostolici, Opera aliquot [Quelques ouvrages de Celio Castagnini, natif de Ferrare, protonotaire apostolique] (Bâle, Froben, 1543, in‑fo).

Antoine Teissier, dans ses Éloges des hommes savants, tirés de l’Histoire de M. de Thou (Leyde, 1715, v. note [12] du Faux Patiniana II‑2), fournit des précisions complémentaires sur Calcagni (tome premier, page 240) :

« Sa vertu et son savoir obligèrent le duc de Ferrare de lui donner un canonicat dans cette ville-là. Sa prose ne mérita pas l’estime des gens de lettres, mais ses vers lui acquirent beaucoup de réputation, surtout ses élégies. Il eut la hardiesse de s’en prendre à Cicéron, et de blâmer son livre des Offices ; mais Majoragio {a} le défendit avec tant de force et d’éloquence que, si Calcagni eût été en vie lorsque cette apologie parut, elle l’aurait sans doute fait mourir de colère et de chagrin. Il avait une si forte passion pour les livres et pour la lecture qu’il y employait tout son temps et que, même, il voulut être enterré dans sa bibliothèque, comme cet avare qui voulut être inhumé dans son argent. L’Histoire ajoute qu’il la légua au public et qu’elle est maintenant dans le couvent des jacobins de Ferrare. »


  1. Marcantonio Majoragio (Antonius Majoragius), nom de plume que se choisit Antonio Maria Conte (Majoragio, Milanais 1514-1556), professait les lettres à Milan et fait l’objet de l’article qui précède dans les Éloges de Teissier (pages 236‑239) ; v. note [16‑1] du Patiniana II‑1 pour un complément de Teissier sur Majoragio.

Les traductions italiennes tirées de l’abondante production romanesque de Jean-Pierre Camus, évêque de Belley (v. note [9], lettre 72), prisée par les Italiens (v. note [18] du Naudæana 1), ont laissé peu de traces dans les catalogues.

  • L’érudite Nuova Enciclopedia popolare italiana… (Turin, Unione tipografico-editrice, 1865, in‑4o, 5e édition, page 77), dans son article sur Borso Calcagnini, marquis de Fusignano, résident du duc de Ferrare à Rome de 1642 à 1645 (année de sa mort), signale qu’il a publié, sous le pseudonyme de Niccolo Brascagni, une version italienne de l’Aurelio de Camus (Ferrare, 1642), mais je n’en ai pas trouvé de référence plus précise.

  • Une des autres est intitulée Elisa, overo L’Innocenza colpevole. Historia Tragica del Vescovo di Belley. Seguita durante il Regno del Christianiss. Henrico iii. Re di Francia, et di Polonia. Dove con non meno seria, che fruttuosa, et grata lettione sono racchiusi molti precetti, e pii, e morali, sotto accidenti diversi espressi, e come in pittura al vivo rappresentati. Tradotta dalla lingua Francese nella Italiana, dal Sig. conte Honofrio Bevilacqua [Élise ou l’Innocence coupable. Histoire tragique écrite par l’évêque de Belley, survenue durant le règne de Henri iii, roi de France et de Pologne. Où, avec non moins sérieuse, fructueuse et agréable lecture, sont renfermés de nombreux préceptes, à la fois pieux et moraux, exprimés sous divers accidents, et représentés comme peints au vifs. Traduite du français en italien par le comte Honofrio Bevilacqua] (Venise, Andrea Baba, 1630, in‑8o).


Additions et remarques du P. de Vitry
(1702-1703, v. note [12] des Préfaces), pages 189‑190 :

« Calcagnin était de Ferrare. Il eut un canonicat dans sa patrie, où il mourut en 1540, selon Leandro Alberti, {a} et fut enterré à l’entrée de la bibliothèque des dominicains de cette même ville, auxquels il avait laissé tous ses livres. Il fut envoyé en Hongrie vers 1518 pour faire revenir le cardinal Hippolyte d’Este, qui résidait dans son archevêché de Gran. {b} Je ne sais pourquoi M. Baillet n’a pas jugé à propos de parler de lui parmi ses poètes : il le méritait bien autant que plusieurs autres qu’il a fait entrer dans son recueil, et dont les poésies valent moins que les siennes. On pourrait croire que c’est à cause du libertinage qui règne dans quelques-unes de Calcagnin ; mais sur ce principe, quelle raison aurait-on eu d’y mettre Jovianus Pontanus, le Bembe et tant d’autres ? » {c}


  1. « Alberti descritt. d’Ital. a carta 344, edit. Venet. 1588 » (note de Vitry) : Descrittione di tutta Italia, di F. Leandro Alberti Bolognese… [Description de toute l’Italie par le Frère Leandro Alberti, natif de Bologne (1479-1552)… (Venise, Altobello Salicato, 1588, in‑8o), page 344 ro.

  2. Ippolito d’Este l’Ancien (1479-1520), oncle d’Ippolito le Jeune (v. note [32] du Borboniana 6 manuscrit), cardinal en 1493, s’était rendu en Pologne en 1518, pour assister au mariage de sa cousine, Bonne Sforza avec le roi Sigismond ier ; il en était revenu en passant par la Hongrie et la France. La notice des cardinals of the Holy Roman Church confirme qu’il a été archevêque de Gran (nom allemand d’Esztergom, ou Strigonie, en Hongrie), mais en précisant qu’il avait quitté ce siège en 1497.

  3. Le P. Vitry s’osait donc (timidement) à défendre la poésie libertine, v. notes  :


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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – Autres écrits : Ana de Guy Patin :
Naudæana 2, note 37.

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(Consulté le 19/04/2024)

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