Autres écrits : Ana de Guy Patin :
Borboniana 6 manuscrit, note 37.
Note [37]

Le marquis d’Alincourt, époux de Jacqueline de Harlay (v. supra note [36‑2e]), parvint tout de même à satisfaire son dessein : l’un de ses cinq fils, Camille de Neufville, abbé d’Aisnay, {a} finit par être nommé archevêque de Lyon en 1653.

Denis-Simon de Marquemont (Paris 1572-Rome 1626) avait mené une carrière diplomatique à Rome, notamment comme secrétaire du cardinal Jacques Davy Duperron, {b} durant son ambassade à Rome pour négocier le remariage du roi Henri iv avec Marie de Médicis (1600), après l’annulation de son mariage avec Marguerite de France. Marquemont fut nommé archevêque de Lyon en 1612 et cardinal en 1626, neuf mois avant sa mort. Le pape Urbain viii transmit alors le siège de Lyon à l’évêque d’Angers, Charles Miron. {c}

Denis Simon, sieur de Marquemont, père du cardinal homonyme, fut secrétaire du roi et collecteur des tailles en l’élection de Paris. Un discret trait d’union, entre son prénom et son nom, permit au fils de faire valoir la (modeste) noblesse de sa famille.

Le cardinal Pierre de Bérulle {d} ne fut pas officiellement désigné pour remplacer Miron, comme le relate l’Histoire de sa vie par Mathieu-Mathurin Tabaraud, prêtre de l’Oratoire (Paris, Adrien Égron, 1817, in‑8o, tome second, chapitre ii, § vi, pages 35‑36) :

« Cependant, quelque réservé que fût le cardinal de Bérulle sur un point aussi délicat que celui du choix des évêques, il se permettait quelquefois de solliciter ces grands places pour des sujets dont le mérite et la capacité lui étaient parfaitement connus, et dont les talents lui paraissaient assortis au besoin de l’Église ; mais ses sollicitations n’étaient point importunes, elles se réduisaient à une simple recommandation du mérite connu des sujets. C’est ainsi qu’après la mort de M. Miron, il se hasarda de proposer pour ce siège, au cardinal de Richelieu, l’abbé de Neufville. “ Si ce jeune prélat, lui disait-il, n’est point changé depuis que je l’ai connu, je le préférerais à bien d’autres qui pourraient rechercher cette dignité. Ce grand diocèse a besoin d’un bon pasteur : il a été longtemps négligé. Le Clergé de France a aussi besoin d’un chef désintéressé, qui ait de la prudence pour prévenir les mauvaises affaires, et de la conduite pour exécuter les bonnes. La prudence de M. le cardinal doit être appliquée à faire un choix digne de lui, digne du Clergé de France, et proportionné au besoin de ce diocèse. ” {e}

Cette recommandation n’eut pas pour lors l’effet qu’en avait espéré le cardinal de Bérulle, parce que le premier ministre voulut placer sur ce grand siège son propre frère, qu’il avait pour cela fait sortir de l’Ordre des chartreux ; {f} mais elle ne fut pas entièrement perdue car le nouvel archevêque étant mort peu d’années après, il eut pour successeur ce même abbé de Neufville, qui répondit, dans le cours d’un long et pénible épiscopat, à la bonne opinion que M. de Bérulle avait conçue de ses talents et de ses vertus. »


  1. V. note [25], lettre 308.

  2. V. note [20], lettre 146.

  3. Mort en 1628, v. note [67] du Borboniana 4 manuscrit.

  4. Mort en 1629, v. note [10], lettre 205.

  5. Lettre de Bérulle à Richelieu, 3 décembre 1627.

    L’archevêque de Lyon porte le titre de primat des Gaules, ce qui lui confère une place éminente dans le Clergé de France. On contestait néanmoins que sa suprématie juridictionnelle s’étendît à l’ensemble des provinces ecclésiastiques du royaume, comme l’explique l’analyse historique de Trévoux :

    « En France la subdivision des provinces donna lieu à l’érection des primats. Par exemple, l’Aquitaine fut partagée en deux provinces. L’archevêque de Bourges devint par là le primat des Aquitaines, parce que Bourges était la capitale de la première. La Gaule lyonnaise, qui comprenait toute la Gaule celtique, fut divisée en première Lyonnaise, dont Lyon était la métropole, et en seconde Lyonnaise dont Rouen était la métropole. Les deux Lyonnaises furent encore subdivisées en deux autres : Sens fut tiré de la première, et Tours de la seconde. Or l’archevêque de Lyon, comme métropolitain des quatre Lyonnaises, prétend être primat des Gaules, et avoir conservé la juridiction sur les provinces démembrées. Ainsi, il y a appel de l’official de Sens et de celui de Tours à l’official de Lyon, qui est le primat ; et lorsque l’évêché de Paris fut érigé en archevêché par le Pape Grégoire xv, en 1622, l’on y employa la condition expresse qu’il demeurerait soumis à l’Église primatiale de Lyon. Pour l’archevêque de Rouen, le métropolitain de la seconde Lyonnaise, il se dit primat de Normandie, et prétend relever du pape immédiatement, sans reconnaître la primatie de Lyon ; il soutient que jusqu’au viiie s. on ne parlait point en France du tribunal d’un primat, et que tous les métropolitains relevaient directement et immédiatement du Siège de Rome. C’est le Pape Grégoire vii qui, en 1079. a revêtu l’archevêque de Lyon du pouvoir et de l’autorité de primat sur les quatre Lyonnaises. »

  6. Alphonse-Louis du Plessis de Richelieu, archevêque de Lyon de 1628 à 1653 (v. note [12], lettre 19), à qui succéda Camille de Neuville, abbé d’Aisnay.

Sébastien de L’Aubespine (1518-1582) avait mené une carrière diplomatique avant d’être nommé évêque de Vannes en 1557, puis de Limoges l’année suivante. Son frère, Claude (1510-1567), notaire et secrétaire du roi en 1537, devint secrétaire des finances (1543) puis secrétaire d’État, en charge de plusieurs missions politiques et diplomatiques. Il était le père de Guillaume de l’Aubespine, chancelier des Ordres du roi (v. note [64] du Borboniana 4 manuscrit), et le grand-père de Charles, garde des sceaux (v. note [13], lettre 10).

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – Autres écrits : Ana de Guy Patin :
Borboniana 6 manuscrit, note 37.

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(Consulté le 26/04/2024)

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