À Charles Spon, les 19 et 22 octobre 1649, note 38.
Note [38]

Journal de la Fronde (volume i, fo 121 vo) :

« De Bordeaux le 21 octobre 1649. La capitulation ayant été faite, {a} comme vous avez su, par la reddition du château Trompette, M. de Sauvebœuf commanda le major de son régiment pour aller escorter le sieur de Haumont, qui en était gouverneur, avec sa garnison qui était de 150 hommes. Ils furent menés jusqu’à Rions {b} par dix bateaux, lesquels étant revenus hier au matin, le parlement en corps avec MM. de Sauvebœuf, Chambaret et de Lusignan, et les principaux officiers de l’armée allèrent en ordre sur les 11 < heures > du matin entendre la messe à l’église Saint-André où ils firent chanter le Te Deum par la musique de Saint-André et celle de Saint-Séverin, qui firent merveille ; ce qui fut suivi d’une décharge de toute l’artillerie de l’armée et des grandes acclamations de Vive le roi et le parlement ! L’on a trouvé dans le château 40 pièces de canon de fonte, 30 de fer, 800 mousquets, 500 quintaux de poudre, 6 000 boulets, 41 pipes {c} de farine, quelque peu de lard et six muids de vin. Il s’y est trouvé aussi trois belles tentures de tapisserie de haute lice, des belles garnitures de lit en broderie, de la vaisselle d’argent, quelque peu d’argent monnayé, le manteau ducal de M. d’Épernon et beaucoup d’autres meubles qu’on estime plus de 150 mille livres.

On travaille dès hier à démolir le château Trompette rez pied rez terre du côté de la ville, et l’on a résolu d’en faire autant au château du Hâ {d} et la maison de M. d’Épernon appelée Puy Paulin, située en cette ville ; après quoi, on ira essayer d’en faire autant à celle de Cadillac.

Hier on fit trancher la tête en effigie aux sieurs de Pontac, Langlade, Cairac, Trichet, Tausin, de Barsac et autres Bordelais qui sont officiers dans l’armée de M. d’Épernon, comme pilleurs, brûleurs et sacrilèges. M. d’Épernon a été jusqu’à Lormont, {e} dont il a pris le château d’autant plus facilement qu’il n’était défendu que par un homme ; mais il l’a aussitôt abandonné et s’est retiré. Notre port est rempli de plus de 300 vaisseaux qui sont venus pour charger des vins et autres marchandises. »


  1. Le 18 octobre.

  2. Sur la rive droite de la Gironde, une cinquantaine de kilomètres en amont de Bordeaux.

  3. Environ 60 muids.

  4. Forteresse médiévale dont les vestiges abritent aujourd’hui le Palais de justice de Bordeaux.

  5. Faubourg nord de Bordeaux, sur la rive droite.

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Charles Spon, les 19 et 22 octobre 1649, note 38.

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(Consulté le 20/04/2024)

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