Autres écrits : Ana de Guy Patin :
Patiniana I‑2 (1701), note 38.
Note [38]

V. note [7], lettre 26, pour le maréchal-duc François-Annibal d’Estrées, ambassadeur de France à Rome de 1636 à 1642.

Menagiana (Paris, 1715), tome 3, pages 232‑233 :

« La Callipédie de M. Quillet, déguisé sous le nom de Calvidius Lætus, {a} est un très beau poème latin. Quelque mécontentement qu’il eut fit qu’il y inséra quelques vers contre M. le cardinal Mazarin et sa famille. Il fit imprimer ce livre en Hollande. Le cardinal l’ayant su, fit avertir M. Quillet de lui venir parler ; mais au lieu de lui témoigner du ressentiment, il se plaignit seulement avec douceur de ce qu’il l’avait si peu ménagé dans ce poème. “ Vous savez, ajouta-t-il, qu’il y a longtemps que je vous estime et si je ne vous ai pas fait du bien, c’est que des importuns m’obsèdent et m’arrachent les grâces ; mais je vous promets que la première abbaye qui vaquera sera pour vous. ” M. Quillet, touché de tant de bonté, se jeta aux genoux du cardinal, lui demanda pardon et promit de corriger son poème de telle manière qu’il en serait content ; le suppliant dès lors de vouloir bien souffrir qu’il le lui dédiât ; ce que le cardinal lui permit. En effet, il fit imprimer cette seconde édition corrigée in‑8o à Paris en 1656 et la dédia à M. le cardinal qui, peu de temps auparavant, lui avait donné une abbaye considérable, dont la mort l’empêcha de jouir longtemps. La première édition de ce livre, qui est la plus rare, est imprimée in‑4o à Leyde en 1655. Celle de Paris est plus ample. Voici, touchant le cardinal Mazarin,les principaux endroits retranchés dans l’édition de Paris.

Livre 4, parlant des Italiens :

Quid quod adulatrix formas se vertit in omnes,
Natio servitio repens, magnatibus astans,
Subdola, lucro inhians, si jusseris ibit in orcum,
Italus efuriens, crimen nec respuet ullum
. {b}

Et parlant des Français :

Quid loquar ut blande Galla excipiatur in aula,
Advena, Trinacriis etiam devectus ab oris ?
Gallia in externos nimia bonitate redundat.
Imo alienigenis prava ratione regendam,
Se tradit plerumque, suumque in gloria robus
Subjicit hospitibus longinquo e littore fusis
. {c}

Et encore dans le même livre :

Scilicet indoctos animos, ignavaque Regum
Corda fovent prava sontes ratione Ministri,
Utque suum fervent regnum, regna omnia perdunt.
Fors erit ut nostri pulcherrima gloria sæcli,
Celtarumque insigne decus, Rex munere Divum
Editus, et fati Lodoicus cura potentis,
Discussis quondam nebulis, diffundat ubique
Ingenitum jubar, et proprio se lumine promat :
Sic sæpe obscuræ denso velamine nubis
Obsitus et tetra pressus caligine Titan
Nativo demum radiantis acumine lucis ;
Nubila perrumpit Victor, seque asserit orbi.
Spledidus et toto rutilans spatiatur Olympo
. {d}

Cette prophétie par laquelle finit la Callipédie dans l’édition de Leyde, et qui est retranchée dans celle de Paris, s’est accomplie à la lettre après la mort du cardinal Mazarin. » {e}


  1. V. note [6], lettre 433 pour la Callipædia Læti Calvidii (Leyde, 1655 et Paris, 1656), seul ouvrage qu’ait publié Claude Quillet.

  2. « Que dire d’une complaisante Nation qui adopte toutes les formes ? Elle rampe dans la servitude, elle résiste aux princes, elle convoite avec avidité les fourberies lucratives, elle ira en enfer si tu le lui ordonnes. L’Italien est affamé, et il ne rejette aucun crime. »

  3. « Que dirai-je de l’étranger que la cour de France accueille agréablement, même venu des confins de la Sicile ? La France déborde de bonté envers ceux qui arrivent du dehors. Pour de méchantes raisons, elle va jusqu’à se laisser gouverner par eux, et elle tire gloire de soumettre sa puissance à des pèlerins qui ont été chassés de leur lointain rivage. »

  4. « Sans doute advient-il que, pour de méchantes raisons, de fâcheux ministres secondent les esprits incultes et les cœurs indolents de rois qui, pour préserver leur royaume, l’aliènent tout entier. Peut-être que la plus belle gloire de notre siècle et l’insigne ornement des Celtes, {i} ce roi que nous a donné la faveur des dieux, Louis par la bienveillance du sort tout-puissant, une fois qu’il aura dispersé les brumes, répandra partout son éclat inné et brillera de sa propre lumière. Titan, {ii} ainsi couvert de l’épais voile d’une obscure nuée, oppressé par sa hideuse noirceur, dardera enfin son lumineux rayon : victorieux, il déchirera les nuages, splendide, il conquerra le monde, et brillant de tous ses feux, il étendra son pouvoir sur l’Olympe entier. »

    1. Métaphore des Français.

    2. Nom poétique du Soleil.

  5. V. notes [6] et [7], lettre 683, pour la prise du pouvoir par Louis xiv en mars 1661, immédiatement après la mort de Mazarin.

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – Autres écrits : Ana de Guy Patin :
Patiniana I‑2 (1701), note 38.

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(Consulté le 29/03/2024)

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