Autres écrits : Ana de Guy Patin :
Borboniana 9 manuscrit, note 38.
Note [38]

« “ Sobrement vivre, et non follement croire.

Ne vois, ne crois, a Épicharme {a} écrit,
Ce sont les nerfs et membres de l’esprit… ”

Voyez l’Emblème 16 d’Alciat. » {b}


  1. V. note [4], lettre 324, pour Épicharme et pour la citation de son adage par Quintus Cicéron.

  2. V. note [19], lettre 229, pour André Alciat et ses célèbres Emblèmes. Celui-ci figure à la page 22 de l’édition latine (Lyon, 1551), avec un titre un peu différent, mais de même sens (Sobrie vivendum, et non temere credendum), et à la page 37 de l’édition française (Lyon, 1549). Il est illustré par une gravure montrant, dans un paysage rupestre, une main ouverte, avec un œil au centre de la paume. En voici le texte complet, qui ouvre à une amusante interprétation médicale :

    Ne credas ne (Epicharmus ait) non sobrius esto,
    Hi nervi, humanæ membraque mentis erunt :
    Ecce oculata manus credens id quod videt. Ecce
    Pulegium, antiquæ sobrietatis olus,
    Quo turbam ostendo sedaverit Heraclitus,
    Mulxerit et tumida seditione gravem
    .

    « Ne vois, ne crois, a Épicharme écrit,
    Ce sont les nerfs et membres de l’esprit.
    L’œil en main croit la chose qu’il voit sienne,
    Poulieu, herbe est de Sobresse ancienne, {i}
    Lequel montré (quand sa force exposa)
    Sédition Héraclite apaisa » {ii}

    1. Le poliot ou poulieu est une plante médicinale aromatique appartenant au genre des menthes. La sobresse est la sobriété.

    2. La traduction française est assortie de ce commentaire :

      « Ne trop boire, ne trop croire font l’homme sage. L’œil en la main est certitude des choses vues et touchées. Poulieu est herbe gardant de soif et d’ivrognerie. »

      V. note [8], lettre latine 326, pour Héraclite, le philosophe misanthrope d’Éphèse. Une traduction littérale et prosaïque des deux derniers vers permet de mieux comprendre ce qu’il vient y faire :

      « En le prenant, Héraclite apaisa un grave désordre : il a extrait sa dissension œdémateuse. ».

      Cela veut dire qu’Héraclite (au rapport de Diogène Laërce, livre ix, § 4, page 1049) était atteint d’hydropisie (dissension œdémateuse, v. note [12], lettre 8) et l’a extraite (évacuée) grâce au poulieu, ce qui donne une preuve tangible de ses vertus diurétiques.

      En qualifiant le poulieu d’antiquæ sobrietatis olus, « herbe de l’antique sobriété », Alciat faisait allusion au lien établi entre l’alcoolisme et les œdèmes diffus (anasarque, v. note [19], lettre 307) qui caractérisent la cirrhose évoluée (v. note [19], lettre 436).

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – Autres écrits : Ana de Guy Patin :
Borboniana 9 manuscrit, note 38.

Adresse permanente : https://www.biusante.parisdescartes.fr/patin/?do=pg&let=8210&cln=38

(Consulté le 18/04/2024)

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