À Charles Spon, le 7 mars 1653, note 39.
Note [39]

V. note [3], lettre 204, pour le P. Charles Paulin.

De sa première au 16 mars suivant, Louis xiv dansa plusieurs fois en public le :

Ballet royal de la Nuit. Divisé en quatre parties, ou quatre veilles. Et dansé par Sa Majesté le 23 février 1653.


  1. Livret d’Isaac de Benserade (v. note [2], lettre 889), Paris, Robert Ballard, 1653, in‑4o de 68 pages.

Ce ballet est une allégorie de la Fronde, ainsi résumée dans l’Avant-propos :

« Le Sommeil et le Silence font le récit de la quatrième et dernière partie, et produisent les différents songes qui la composent. Ainsi paraissent des furieux, des aventuriers, un ixion épris des beautés de Junon, un peureux, des poètes, des philosophes, des amoureux transis et autres diverses expressions de la bile, du sang, du flegme et de la mélancolie. Après cela, le jour commence à poindre et le ballet finit avec son sujet : l’Aurore traînée sur un char amène le plus beau Soleil qu’on ait jamais vu, qui d’abord dissipe les nuages, et qui promet la plus belle et la plus grande journée du monde ; les génies lui viennent rendre hommage et tout cela forme le grand ballet. Ce sujet est vaste et dans toute son étendue assez digne d’exercer les pas de notre jeune monarque, sans le détourner du dessein qu’il a de n’aller à rien que de grand et de noble. »

Le final représente déjà Louis xiv en Roi Soleil :

« Le roi représentant le Soleil levant

Sur la cime des monts commençant d’éclairer,
Je commence déjà de me faire admirer
Et ne suis guère avant dans ma vaste carrière,
Je viens rendre aux objets la forme et la couleur,
Et qui ne voudrait pas avouer ma lumière
Sentira ma chaleur.

Déjà seul je conduis mes chevaux lumineux
Qui traînent la splendeur et l’éclat après eux,
Une divine main m’en a remis les rênes,
Une grande déesse a soutenu mes droits,
Nous avons même gloire, elle est l’astre des reines,
Je suis l’astre des rois.

En montant sur mon char, j’ai pris soin d’écarter
Beaucoup de Phaétons qui voulaient y monter,
Dans ce hardi dessein leur ambition tremble,
Chacun d’eux reconnaît qu’il en faut trébucher,
Et qu’on verse toujours si l’on n’est tout ensemble
le maître et le cocher. […]

Je n’ai que depuis peu roulé sur l’horizon,
Je suis jeune, et possible est-ce aussi la raison
Qui m’exempte des maux que la beauté nous cause,
De là naît le repos dont mon âme jouit :
Car enfin tout me voit, j’éclaire toute chose,
Et rien ne m’éblouit.

Sans doute j’appartiens au monde à qui je sers,
Je ne suis point à moi, je suis à l’Univers,
Je lui dois les rayons qui couronnent ma tête,
C’est à moi de régler mon temps et mes saisons,
Et l’ordre ne veut pas que mon plaisir m’arrête
Dans toutes mes Maisons.

Mon inclination m’attache à ce qu’il faut,
Et s’il plaît à celui qui m’a placé si haut,
Quand j’aurai dissipé les ombres de la France,
Vers les climats lointains ma clarté paraissant
Ira victorieuse au milieu de Byzance
Effacer le Croissant. »

Journal de la Fronde (volume ii, fo 196 ro, Paris, 28 février 1653) :

« Le 25, Sa Majesté dansa encore son ballet où se trouvèrent tous les évêques qui sont en cour, et grand nombre de présidents et conseillers, mais il n’y eut point de bal. »

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Charles Spon, le 7 mars 1653, note 39.

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(Consulté le 29/03/2024)

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