À Claude II Belin, le 4 août 1642, note 4.
Note [4]

« conformément à l’opinion de notre Fernel, que j’estime être profondément vraie. »

Le péritoine est la fine membrane qui tapisse entièrement les parois de la cavité abdominale et les viscères qui y sont contenus, à la fois pour les maintenir en place et pour y conduire les vaisseaux nourriciers (artères, veines, canaux et ganglions lymphatiques, nerfs). Dans le jargon médical moderne, « méso » (de mésos, « ce qui tient le milieu », en grec) désigne un feuillet du péritoine.

Le mésentère (de méso et entéron, « intestin » en grec) est la partie du péritoine qui enveloppe l’intestin grêle en l’attachant en arrière à la colonne vertébrale (racine du mésentère). Au temps de Guy Patin, on attribuait à l’inflammation (v. note [6], lettre latine 412) et à l’« obstruction du mésentère » une bonne partie des maladies de l’abdomen. Le symptôme crucial en était le « flux mésentérique » caractérisé par l’apparition de « chyle corrompu » (glaires purulentes) et de sang dans les selles. Cela englobe aujourd’hui un grand nombre d’affections abdominales (touchant la vésicule biliaire, le pancréas, l’appendice, le côlon, etc.) dans leurs stades évolués (abcès, perforations intestinales, péritonites, cancers), et le mésentère n’est plus considéré que très rarement comme un siège primitif et spécifique de maladies.

Le chapitre vii, livre sixième de la Pathologie de Jean Fernel (traduction française, Paris, 1655, v. note [1], lettre 36), est intitulé Les maladies du mésentère et de ce qu’on nomme pancréas, leurs causes et leurs signes ; le cadre des maladies de cette région était nébuleux et servait principalement à classer les phénomènes digestifs auxquels on ne savait pas attribuer une autre cause spécifique (pages 425‑426) :

« Le mésentère est pareillement sujet à une vraie inflammation quand, par l’érosion ou rupture de ses veines, le sang sort et, s’étant outre nature amassé en quelque endroit, se pourrit, puis, venant à suppurer, fait finalement un abcès. Cette inflammation ne cause aucune douleur manifeste ; on sent seulement une pesanteur, si c’est que d’aventure on la pressait fort. {a} La fièvre qu’elle excite est fort petite et lente, sans soif, sans grands symptômes, de sorte que le malade n’en est guère abattu et n’en quitte point ses exercices ordinaires. {b} On rend au commencement une certaine sanie rouge, {c} puis, l’abcès étant crevé, il coule un pus blanc par les selles ; et ces choses sont tantôt mêlées avec les matières fécales, tantôt pures et sincères, comme quand l’inflammation se rencontre és derniers intestins, {d} parce que lors, le pus coule dans la capacité de l’intestin droit ou du côlon, {e} par la veine plus proche, et sort quelquefois tout pur en grande quantité, sans faire aucune douleur ; {f} ce qui a donné autrefois matière d’étonnement et de dispute à des médecins fort célèbres. Mais il était aisé de reconnaître que cela ne provenait d’ailleurs que du mésentère affecté, car il ne saurait provenir ni des boyaux enflammés, ni du ventricule {g} sans une douleur véhémente. Et dans l’inflammation du foie et de la rate, la fièvre est plus violente et tous les symptômes plus grand ; et la sanie ne sort pas pure et séparée, à cause de la longueur du chemin qu’il faut qu’elle fasse. Pour les reins, quand ils sont affectés, ils ne se purgent point par là, mais par les urines. Et partant, {h} il ne reste dans la capacité de l’abdomen que le seul mésentère qui, sous ces marques-là, soit attaqué d’inflammation. » {i}


  1. « s’il advient qu’on la palpe et comprime vigoureusement. »

  2. Ce qui ne correspond pas à la tierce (survenant un jour sur deux) telle que la décrivait Fernel au chapitre xiii, Des causes et des signes de la fièvre tierce (livre quatrième de la Pathologie, page 270‑271) :

    « La vraie fièvre tierce vient de l’inflammation de la bile jaune superflue, laquelle se putréfie, ou dans la vessie du fiel [vésicule biliaire], ou bien autour des entrailles et és [aux] cavités des viscères ; d’où néanmoins il en passe quelquefois dans les veines une certaine portion, qui se mêle parmi le sang. […]

    Cette fièvre surprend tout à coup, par un très grand frisson, qui fait trembler quelquefois tout le corps, sur la fin duquel, la bile s’étant épandue, provoque fort souvent un vomissement. Puis la chaleur vient promptement à s’allumer et à se répandre par tout le corps, et s’augmente incontinent, de sorte qu’elle atteint en peu de temps le plus haut point de sa vigueur et devient âcre, poignante, et qui frappe rudement la main quand on la touche ; mais elle se rabat aussitôt. Le malade brûle tellement qu’il est contraint de se découvrir le corps et se tourner de côté et d’autre, sans pouvoir demeurer en même posture ; et ayant de la peine à respirer, il faut qu’il attire souvent quantité d’air par de grandes et fréquentes respirations ; et mourant presque de soif, il demande incessamment à boire ; et est travaillé de veilles, de douleur de tête, de fâcherie [colère] et de fureur [délire]. Le plus long accès est de douze heures (quelquefois, il n’en dure que sept ou quatre) et finit par une grande sueur chaude et vaporeuse, après laquelle suit la pure intermission. »

  3. V. note [11], lettre de François Rassyne, datée du 27 décembre 1656.

  4. Dans l’iléon ou le côlon.

  5. Du rectum ou du côlon.

  6. V. notes [5] de la Consultation 11, pour la place du mésentère dans les hémorragies digestives, et [5] de la Consultation 16, pour la description et l’analyse d’une diarrhée purulent de cette sorte.

  7. De l’estomac.

  8. Par conséquent.

  9. V. note [4], lettre 798, pour Fernel sur le mécanisme des maladies du mésentère.

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Claude II Belin, le 4 août 1642, note 4.

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(Consulté le 25/04/2024)

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