À Claude II Belin, le 1er octobre 1644, note 4.
Note [4]

Mazarin avait en effet été profondément affecté par l’élection d’Innocent x, favori de l’Espagne, et l’avait combattue par tous les moyens en son pouvoir. Les instructions qu’il avait fait parvenir à l’ambassadeur du roi à Rome, le marquis de Saint-Chamond, étaient des plus précises et excluaient en secret et même ouvertement le cardinal Pamphili. Malheureusement, dans ce conclave qui avait duré du 9 août au 15 septembre, la défection des cardinaux du parti des Barberini jusqu’alors alliés de la France, la trahison de certains cardinaux pensionnés par le gouvernement français et l’incapacité ou le défaut de zèle de l’ambassadeur français permirent d’écarter les candidats de Mazarin, les cardinaux Saccheti et Alfieri, et de porter Pamphili à la papauté. Mazarin tomba malade et resta éloigné des affaires jusqu’au mois d’octobre 1644 (Triaire).

Guth (age 333) :

« Mazarin n’a pas digéré la ciguë du conclave. Dans une dépêche du 22 novembre 1644, Nani {a} peint les réactions de l’Éminence durant une audience où la conversation tomba sur l’élection du pape : “ On ne saurait exprimer l’animation avec laquelle il discourut, jetant feux et flammes, s’agitant à tel point que je craignais que sa santé, trop faible encore pour résister à l’attaque violente des passions, n’en reçût un sérieux préjudice. ” Ne pouvant détrôner le pape, Mazarin déboulonnera ceux qui l’ont fait ou laissé élire. D’abord le cardinal Antoine Barberini. Lui et son frère sont la risée de Rome. […] Les Romains se demandent quel traitement la France réserve à ces traîtres, surtout à Antoine. Ils croient en général que Mazarin les fustigera d’un fouet de velours pour ne pas les rejeter vers l’Espagne ou ne pas effrayer le pape. Ils se trompent, le 12 octobre un courrier emporte un message pour notre ambassadeur à Rome rédigé au nom du roi : “ Je désire donc qu’aussitôt que la présente vous sera remise, vous alliez sans perdre de temps demander audit cardinal {b} le brevet, dont je l’avais honoré, de la protection des affaires de mon royaume et lui faire lever les armes de dessus la porte de son palais, ne voulant pas qu’une personne si indigne de mes bonnes grâces conserve dans le public aucune marque de les posséder. ” »


  1. Giovan Battista Nani, ambassadeur de Venise à Paris de 1643 à 1668.

  2. Antonio Barberini, le cardinal Antoine.

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Claude II Belin, le 1er octobre 1644, note 4.

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(Consulté le 18/04/2024)

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