À Charles Spon, le 22 décembre 1651, note 4.
Note [4]

Journal de la Fronde (volume i, fo 516 ro et vo, Paris, 1er décembre 1651) :

« On parle à marier le duc d’York avec Mlle de Longueville, et il est certain que le traité en est si avant que la reine d’Angleterre a envoyé un exprès à la cour pour en avoir l’approbation et que milord Montaigu, qui depuis longtemps s’est maintenu en faveur auprès de la reine et du cardinal Mazarin, est aussi allé en cour de la part de la reine d’Angleterre pour négocier ce consentement, dont l’importance est assez grande pour y faire trouver beaucoup de difficulté à cause qu’il y va de l’intérêt de l’État. On dit que la reine a remis cette affaire à M. le duc d’Orléans, mais cela n’est plus certain, non plus que le bruit qui court que le duc d’York ait dessein de se rendre catholique, aussi bien que le milord Germain. » {a}


  1. Sir Henry Jermyn, premier écuyer de la reine d’Angleterre, v. note [9], lettre 292.

Le duc d’York avait rencontré, en septembre 1649, Marie d’Orléans (v. note [1], lettre 111), fille du premier mariage du duc de Longueville avec Louise de Bourbon-Soissons (morte en 1637). Marie avait accompagné son père à Münster aux conférences qui précédèrent le traité de Westphalie. Âgé d’à peine 16 ans, le duc d’York venait de s’enfuir d’Angleterre. En 1649, Marie était entrée dans le camp des frondeurs pour suivre le parti de son père, mais le prince anglais poursuivit sa cour, tandis que le projet de mariage se trouvait ajourné. Après l’arrestation des princes (janvier 1650), Mlle de Longueville s’était jointe à sa belle-mère, Mme de Longueville, pour agir en Normandie, mais leur mésentente fit que Marie se rallia à Mazarin. À la fin d’octobre 1651, le mariage paraissait acquis, mais Anne d’Autriche y coupa court.

Mme de Motteville (Mémoires, page 406) :

« La reine d’Angleterre m’avait commandé d’en parler à la reine ; je le fis, elle me répondit que ce prince étant fils de roi, était trop grand pour le pouvoir laisser marier en France ; et par cette raison politique, l’affaire ne put réussir. Ce prince en fut fâché : il estimait cette princesse ; sa vertu et sa personne lui plaisaient ; et ses richesses, étant héritière du feu comte de Soissons, lui auraient été aussi fort agréables car alors il n’en avait pas beaucoup. En tous temps ce mariage était convenable, à lui et à elle. »

Marie se retira à Coulommiers, terre des Longueville, où elle vécut en dehors de l’agitation politique. Après avoir décliné la demande en mariage du duc de Mantoue, elle finit, en 1657, par épouser Henri de Nemours, l’archevêque de Reims revenu à la vie séculière. Veuve deux ans plus tard, elle n’eut pas d’enfant et ses deux demi-frères étant morts, Charles Paris et l’abbé de Longueville, elle resta la seule descendante de la Maison de Longueville. Marie ne recueillit de l’héritage que la principauté de Neufchâtel dont la possession lui fut contestée par la Prusse. Elle a laissé des Mémoires sur la période qui va de 1648 à 1653, qui furent publiés pour la première fois à Cologne en 1709 (Madeleine Foisil, Dictionnaire du Grand Siècle, et Laure Jestaz). Le duc d’York se maria en 1660 avec Anne Hyde (v. note [2], lettre 647).

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Charles Spon, le 22 décembre 1651, note 4.

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(Consulté le 20/04/2024)

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