À Charles Spon, le 1er avril 1653, note 4.
Note [4]

Journal de la Fronde (volume ii, fos 198 vo et 199 ro) :

« De Bordeaux, du 10e de mars. Jeudi, {a} M. le prince de Conti eut peine à faire mettre sous les armes les compagnies, chacun disait qu’il voulait recevoir l’amnistie ; mais comme il n’y avait point de parti formé, on n’osa pas se déclarer ouvertement. Il se trouva sous les armes sept à huit cents hommes dont la plupart étaient résolus de dire hautement, si on les eût interrogés, qu’ils voulaient la paix. M. le prince de Conti monta à cheval et M. Marchin, et tout ce qu’ils purent faire fut environ 150 chevaux. Il fit passer ces troupes-là sur les fossés de la Maison de Ville et après, sur les fossés du Chapeau-Rouge. {b} On cria “ Vive le roi ! ” sans autre chose. Ils n’osèrent pas leur demander d’autres explications, mais les jurats les plus séditieux de l’Ormée et les capitaines de la Ville étant tous à lui, {c} comme je vous ai dit ci-devant, et < étant donné > que de l’autre < parti > il n’y a pas de chefs, cela leur a baillé la liberté d’envoyer des passeports à environ 27 personnes de la ville pour sortir. Il y en a déjà quelques-uns qui sont déjà sortis, d’autres demeurent dans leur maison et d’autres disent ouvertement qu’ils ne veulent pas sortir.

Vendredi, les capitaines qui étaient mandés pour aller en garde à l’hôtel de ville et au Chapeau-Rouge, qui sont les lieux où on fait garde, ayant fait battre la caisse, ne trouvèrent personne qui les voulût suivre, disant qu’ils ne voulaient plus aller à la garde.

La nuit du jeudi au vendredi, M. de Vendôme {d} brûla un navire flamand devant Bourg, qui était aux Espagnols, et leur prit leur caravelle qui est une espèce de barque dans laquelle ils faisaient d’ordinaire venir leur argent et autres provisions de Saint-Sébastien. Les Irlandais qui étaient aux Chartreux ont été envoyés < en > Entre-Deux-Mers à cause que les habitants ne les ont pas voulu recevoir, disant qu’ils sont capables de se garder. Le parlement continue ici d’entrer, mais ils ne sont que neuf. On nous assure qu’à Agen {e} ils entrent au nombre de 22. M. de Conti envoya hier vers Périgueux et Bergerac pour porter environ dix mille livres pour payer quelques troupes qui se voulaient débander pour n’être pas soudoyées.

M. de Beauvais arriva en cette ville venant de Stenay. Il publie partout que M. le Prince est plus fort que jamais et qu’il a 14 000 chevaux et 8 000 hommes de pied, sans y comprendre les troupes d’Espagne. Ils disent aussi que le secours de Saint-Sébastien doit arriver pour Bordeaux, tant par mer que par terre, et tout cela pour abuser le peuple. Ceux de < La > Réole ont envoyé demander 800 boisseaux de blé toutes les semaines, à faute de quoi ils se rangeront au parti du roi. »


  1. Le 6 mars.

  2. V. note [1], lettre 244.

  3. Conti.

  4. César Monsieur, qui combattait la flotte pour le roi.

  5. Où étaient alors les conseillers du parlement fidèles au roi.

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Charles Spon, le 1er avril 1653, note 4.

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(Consulté le 18/04/2024)

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