À Charles Spon, le 15 décembre 1654, note 4.
Note [4]

À la toute dernière page du Rabat-joie de l’Antimoine triomphant de Jacques Perreau (v. note [3], lettre 380), après l’index et l’errata, on lit cet épilogue :

« Comme on achevait cette feuille, il m’est tombé entre les mains ce sonnet sur la mort, tout fraîchement arrivée, d’un célèbre avocat en Parlement, {a} après une prise de vin émétique ; que j’ai mis ici pour employer ce papier vide et pour détromper ceux qui croient qu’il ne faut que cette drogue pour guérir tous les malades.

Sonnet

L’antimoine a perdu son crédit et sa gloire,
Cette si prompte mort va son loz étouffant, {b}
Il n’est plus un vainqueur, il n’est plus triomphant,
On va biffer son nom du milieu de l’histoire.

Gouverné de la main d’un savant médecin,
Au lieu d’être sauveur, il s’est fait assassin.
Cieux, détournez de nous ce ministre infidèle

Il n’a plus de lauriers témoins de sa victoire,
Ce géant des métaux est moindre qu’un enfant,
Il s’est fait moucheron de superbe éléphant,
Et cette triste mort fait mourir sa mémoire.

Qu’on publie partout pour remède bénin,
Et fait dans nos maisons une guerre mortelle,
Nos amis, nos enfants éprouvant son venin !

Fin. »


  1. Jean (ou Antoine) Guérin (v. note [46], lettre 279), gendre de François Guénault.

  2. Loz : « vieux mot qui signifiait autrefois louange, il est abrégé du latin laus » (Furetière).

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Charles Spon, le 15 décembre 1654, note 4.

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(Consulté le 18/04/2024)

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