À Charles Spon, le 24 mai 1658, note 4.
Note [4]

Littéralement, en grec, Egothea signifie la « déesse (θεα) chèvre (αιξ, αιγος) ». Le mot αιγοθεα ne figure toutefois ni dans le dictionnaire de Bailly ni dans le lexique (Œconomia) hippocratique d’Anuce Foës. {a} Charles Spon avait pu le croiser dans les Opera Medica [Œuvres médicales] de Jacques Sylvius, {b} qui en fait le composant d’un clystère pour traiter la douleur colique :

Vinum quoque aromaticum clystere injectum in materia frigida, et flatu, salubre est. Si sumi ea est necesse, egothea, aut fortior athanasia a drachma una ad sesquidrach. vel his valentius philonium ad drachmam unam dantur.

[Le vin aromatique est aussi salutaire, injecté en clystère dans la matière froide et la flatuelence. S’il est nécessaire de les administrer, on donne l’egothea {c} ou la plus puissante athanasie, {d} à la dose d’une à une dracheme et demie, mais de philonium {e} est plus efficace à la dose d’une drachme]. {f}


  1. V. note [23], lettre 7.

  2. Genève, 1634 (v. note [9], lettre 9), traité intitulé Morborum internorum prope omnium curatio, Methodo comprehensa, ex Galeno præcipue, et Marco Gattinaria [Traitement de presque toutes les maladies internes, abordé avec une méthode tirée de Galien et Marcus Gattinaria], page 436.

    V. notule {e}, note [2], lettre latine 452, pour Marco Gattinaria, commentateur des œuvres de Rhazès.

  3. Cet extrait appartient au paragraphe intitulé Mesues theorematis tertii fine [Mésué à la fin de son troisième théorème] : Mésué (v. note [25], lettre 156) est auteur de quatre théorèmes pharmaceutiques universels, énoncés en lois (canones), dont Sylvius a donné une traduction et des commentaires. ; le troisième est intitulé Correctio symptomatum a sumpto purgante medicamento nondum vacuato excitatorum [Correction des symptômes provoqués par la prise d’un purgatif, avant son évacuation] ; son 6e et dernier Canon porte sur le recours aux narcotiques opiacés (Mesuæ Opera [Œuvres de Mésué], Venise, Juntes, 1589, in‑fo, pages 19 ro‑vo), mais sans mention de l’egothea.

  4. V. infra notule {c}, note [5].

  5. Opiat décrit dans la note [41] de la Leçon sur le Laudanum et l’opium.

  6. Ce propos permet au moins de penser que Guy Patin était dans le vrai quand il conférait des vertus narcotiques à la mystérieuse egothea sur laquelle Spon l’avait interrogé.

    Il tenait aussi Egothea pour un improbable féminin d’Egotheos (forme non attestée dans les dictionnaires classiques), le « dieu chèvre », pouvant évoquer le dieu Pan, figuré dans un corps de bouc. Je pencherais plutôt pour un surnom d’Amalthée, la chèvre déifiée dont le lait est réputé avoir nourri Zeus pendant son premier âge : Αμαλθεια, « tendre déesse », dont a dérivé αμαλθειας, la « corne d’abondance ».


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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Charles Spon, le 24 mai 1658, note 4.

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(Consulté le 24/04/2024)

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