À André Falconet, le 24 juillet 1665, note 4.
Note [4]

La Sérénissime était extrêmement méfiante envers les étrangers, et tout particulièrement les ambassadeurs. Parmi bien d’autres preuves de cela, les pièces justificatives de l’Histoire de la République de Venise par Pierre Daru (Paris, Firmin Didot, 1819) donnent le texte et la traduction d’un édit du Grand Conseil 23 juin 1454, dont les articles 6‑9 sont spécialement éloquents à cet égard (tome sixième, page 73) : {a}

« 6o Le tribunal aura le plus grand nombre possible d’observateurs choisis tant dans l’ordre de la noblesse que parmi les citadins, les populaires et les religieux. On leur promettra pour récompense de leurs rapports, lorsqu’ils seront de quelque importance, le droit de désigner quelques exilés qu’on relèvera de leur ban, l’expectative de quelques emplois, l’exemption de certaines contributions, ou autres privilèges. On les payera même en argent s’ils refusent toute autre récompense, mais ils n’auront point de salaire fixe. […]

7o Quatre de ces explorateurs seront constamment, et à l’insu des uns des autres, attachés à la maison de chacun des ambassadeurs de cette capitale, pour rendre compte de tout ce qui s’y passe et de tous ceux qui y viennent.

8o Si les observateurs placés chez un ambassadeur ne parviennent pas à pénétrer les secrets, on donnera à quelque banni vénitien l’ordre de tâcher d’être reçu dans le palais de ce ministre, sous prétexte de profiter du droit d’asile. Des mesures seront prises pour qu’il ne soit point inquiété, et la cessation de son ban ou d’autres récompenses proportionnées à sa condition seront le prix de ses découvertes.

9o Jamais les observateurs placés auprès des ministres étrangers ne seront pris parmi les patriciens. »


  1. Section intitulée « Statuts, lois et règlements des seigneurs inquisiteurs d’État, depuis l’époque de leur création jusqu’aux temps modernes, dans lesquels est déterminé l’exercice de leur autorité, tant au dedans qu’au dehors, et leur conduite soit envers les ministres étrangers, soit envers les ambassadeurs de la république ; en 130 articles ».

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À André Falconet, le 24 juillet 1665, note 4.

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(Consulté le 28/03/2024)

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