À André Falconet, le 8 avril 1670, note 4.
Note [4]

« ça n’était en effet pas arrivé depuis longtemps. »

V. note [10], lettre 533, pour la princesse Palatine (qui allait devenir tante par alliance de Monsieur en 1671).

Mlle de Montpensier (Mémoires, seconde partie, chapitre x, pages 101‑102) a donné sa version de la brouille :

« Monsieur et Madame eurent un sérieux démêlé. L’absence du chevalier de Lorraine {a} rendait Monsieur fort chagrin. Un jour que la reine avait été saignée, en sortant de chez la reine, elle alla chez les dames (car on ne disait plus “ chez Mme de La Vallière ”, elle commençait dès lors à n’être plus que la suivante de Mme de Montespan) ; on le vint dire à la reine. La reine jugea qu’il y avait quelque chose. Le lendemain, Madame lui en parla. Monsieur fit un vacarme horrible, je ne me souviens plus sur quoi ; lui ramena tout ce qu’il lui avait pardonné et qui était passé. La reine alla, le soir d’après, à Paris. Madame y vint avec elle, qui conta ses douleurs à la reine avec tant d’honnêteté que la reine, qui ne l’avait jamais aimée, la prit en amitié.

Le soir, comme on revint, Monsieur parla à la reine ; puis, comme elle alla jouer, il me prit dans une fenêtre et me dit rage de Madame. Je m’en allai fermer la porte. Enfin, il me dit qu’il ne l’avait jamais aimée que quinze jours et me conta des choses qui m’étonnaient comme il les pouvait dire. Je lui disais : “ Ah ! Monsieur, songez que vous en avez des enfants ; que c’est une jeune créature qui a pu manquer dans les choses extérieures, mais qui n’est point coupable ; qu’elle reviendra et que vous serez au désespoir de tout ce que vous m’avez dit. ” Enfin, je fis tout ce que je pus pour le radoucir. Madame me disait le lendemain : “ Si, quand j’ai fait quelque faute, il m’avait étranglée, il aurait bien fait ; mais il m’a pardonné et me vient tourmenter pour rien. ” Elle se plaignait fort, de son côté, de sa manière de vivre, mais avec une grande sagesse, hors un peu de mépris, dont elle se fût bien passée, car cela est désagréable à un mari quand il le sait. Enfin les choses, à force d’aller mal, allèrent bien : on les raccommoda. Le roi, à la prière de Madame, mit le chevalier de Lorraine hors de prison et on l’envoya en Italie ; de sorte que Monsieur prit d’autres airs avec Madame ; mais je crois qu’ils ne vécurent guère mieux ensemble. »


  1. V. note [4], lettre 976.

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À André Falconet, le 8 avril 1670, note 4.

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(Consulté le 29/03/2024)

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