À André Falconet, le 18 mars 1671, note 4.
Note [4]

V. note [8], lettre 999, pour la trouble affaire de la princesse de Condé. Aumale (Histoire des princes de Condé, tome vii, pages 289‑294) en a dévoilé les suites, sinon tout le secret :

« Notes, papiers, tout ce qui aurait pu donner le mot de cette énigme a été soigneusement détruit ; on ne saurait attacher d’importance à de vagues propos disséminés dans les lettres ou les mémoires plus ou moins dignes de foi. Seuls quelques billets ont échappé à une destruction qui paraît systématique ; perdus dans une correspondance qui fut restituée par les héritiers de Caillet, ils jettent une lueur sur l’état réel de Mme la Princesse, éclairent en partie le mystère de la dernière crise. Dès 1664 […], M. le Prince écrivait à son secrétaire : {a} “ Sachez un peu tout ce que ma femme a fait à Saint-Maur ; mandez-moi ce qu’elle fait ou dit, et si elle continue toujours dans ses emportements… M. Perrault {b} me mande qu’elle lui a parlé avec modération ; j’en doute un peu, car j’apprends par d’autres qu’elle n’est rien moins que modérée. ” Voilà bien la définition des accès de bizarrerie, de violence, mal héréditaire dont souffrait Claire-Clémence. […]
Toujours dans ces billets de septembre-octobre 1664, M. le Prince continuait : “ Tâchez de découvrir, à quelque prix que ce soit, ce qu’est devenu Duval et si ma femme ne l’a pas vu à Saint-Maur… Je vous manderai ce qu’il y aura à faire sur ce sujet. Montrez ma lettre à l’abbé de Roquette et au P. Bergier ”, les deux directeurs spirituels de la famille. […]

M. le Prince reçut la nouvelle {c} à Chantilly, où il était retenu par la goutte. Moins surpris qu’irrité, il écrivit aussitôt au roi, demanda le châtiment d’un crime de lèse-majesté, {d} et une lettre de cachet pour sa femme ; puis il fit préparer des pièces que, dès le lendemain, M. le Duc {e} emportait à Paris. […]

Muni des instructions et des pouvoirs de son père. M. le Duc se présentait dès le 15 janvier à l’hôtel de Condé, et fit connaître à sa mère la volonté du roi et les ordres de M. le Prince. Ledit jour après-midi, à l’hôtel de Condé son domicile, en présence de M. le Duc et par devant notaires, la princesse de Condé, dûment autorisée du prince son époux, voulant “ reconnaître les grands respects et obéissance que M. le duc d’Enghien a toujours eus pour elle, lesquels il lui a encore particulièrement témoignés en la dernière occasion arrivée en sa personne ”, faisait don à son fils de tous ses biens, sous réserve d’usufruit. Également par acte notarié et avec l’autorisation envoyée de Chantilly par M. le Prince, il fut convenu “ que Mme la Princesse pourra disposer comme elle l’entendra des pierreries, argenterie et cabinets qu’elle peut avoir ”. […]

Il n’y eut aucune scène de violence, peu d’émotion, à ce qu’il semble, de part et d’autre ; le duc d’Enghien fut respectueux, froid, plus qu’à son ordinaire ; Claire-Clémence signa sans faire d’observation. Dans son état de santé, la précaution prise était assurément justifiable et n’avait pas le caractère d’une spoliation, puisque l’usufruit était respecté, la libre disposition des pierreries assurée ; toutefois, la donation, qu’on disait arrachée par le fils à cette mère partant pour la prison, avait une apparence odieuse ; rien, dans cette triste affaire, n’a plus indisposé l’opinion contre les princes. »


  1. Dénommé Caillet.

  2. Jean Perrault, v. note [3], lettre 215.

  3. De l’accident du 13 janvier 1671.

  4. Pour Duval.

  5. Le duc d’Enghien.

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À André Falconet, le 18 mars 1671, note 4.

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(Consulté le 25/04/2024)

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