À Johannes Antonides Vander Linden, le 2 juillet 1656, note 4.
Note [4]

V. notes [1], lettre 414, pour les Responsiones duæ [Deux réponses] de Jean ii Riolan sur les voies du chyle et la sanguification (Paris, septembre 1655), contre Jean Pecquet et ses zélateurs, les deux docteurs pecquétiens, Jacques Mentel et Pierre de Mersenne.

Guy Patin n’a pas toujours montré autant de méchanceté qu’ici à l’encontre de ces pionniers dans la découverte des voies du chyle, publiée pour la première fois dans les Experimenta nova anatomica [Expériences anatomiques nouvelles] de Pecquet (Paris, 1651, v. note [15], lettre 280). Sans doute Patin voulait-il complaire à Johannes Antonides Vander Linden, collègue, ami et garant de Jan van Horne, dont le Novus Ductus chyliferus… [Nouveau Canal chylifère…] (Leyde, 1652, v. le 3e extrait de la lettre de Sebastianus Aletophilus [Samuel Sorbière] cité dans la note [5], lettre 390) avait iniquement revendiqué la primeur de cette observation capitale. Linden y est cité en deux endroits :

  • page B2 ro,

    complementum autem operis spectavit, qui mihi est instar omnium, Clariss. et Experientissimus Vir D. Ioan. Antonidæ vander Linden, Collega meus Honorandus, cui hoc multisque aliis nominibus plurimum debeo,

    [a en outre assisté à mes opérations le très brillant et expérimenté M. Johan. Antonides Vander Linden, qui pour moi vaut tous les autres et ce dont je lui suis prodondément redevable, comme à bien d’autres titres] ;


    1. Les autres témoins cités par van Horne sont Louis de Beaufort (v. notule {a}, note [21], lettre 75), Gallus, medicinam feliciter in hac urbe exercens, Anatomes et cæterarum Medicinæ partium peritissimus ; compluresque deinceps medicinæ studiosi [Français, qui exerce la médecine avec succès en cette ville, très aguerri en anatomie et dans les autres parties du métier ; et après lui, quantité d’amateurs de médecine].

  • page C2 vo,

    Qui certe usus chyli non est contemnendus, uti propediem ex quamplurimis aliis phœnomenis ostenturus est in erudito suo opere Clariss. D. Ioan. Antonidæ vander Linden, nunquam merita sine laude loquendus.

    [L’utilité du chyle n’est certes pas à mépriser, comme le très brillant M. Johan. Antonides Vander Linden, lui dont jamais on ne doit parler sans due louange, le montrera sous peu dans son savant ouvrage et parmi quantité d’autres phénomènes].

Le livre de Linden qu’annonçait van Horne était la Medicina physiologica… [Médecine physiologique…] (Amsterdam, 1653, v. note [39], lettre 334). Deux articles enfouis dans le chapitre xvi du livre ii parlent des canaux du chyle :

  • article xiv, De Valvulis Venarum [Les valvules des veines], § 165, pages 796‑797,

    Præter artus vero ejuscemodi valvulas habent etiam Venæ lacteæ : habet lactearum Truncus chyliferus, ceu nobis et privatim et publice his diebus in humano cropore ostendit D. Ioh. van Horne, excellentissimus viscerandi artifex,

    [Outre les membres, les veines lactées possèdent aussi de telles valvules ; tout comme il y en a dans le tronc chylifère des veines lactées, ainsi que M. Joh. van Horne, le plus habile des dissecteurs, nous l’a montré ces jours derniers sur le corps humain, tant en privé qu’en public] ;

  • article xv, De Venis [Les veines], § 186, page 802,

    Iugularis interna, ad asperæ arteriæ latus, surculis illi datis, ascendens versus caput, in via sive excipit sive emittit Venam chyliferam ceu matrem Venarum lactearum ad intestina pertinentium. Eam tot seculis ignotam protulit in lucem indefessa scrutandi lubido V. Cl. Ioh. van Horne, Anatomici nulli secundi. Ostendit autem nobis in cane primum, postea etiam in homine. In quo primus deprehendit Thomas Bartholinus Casp. F. in Hafniensi Acad. med. et Anat. Prof. omni laude dignissimus. Eadem eodem tempore in Galliis inventa quoque fuit a Ioan. Pecqueto et peculiari libello Parisiis primum, mox Hardevici edito propalata. Quis horum primus invenerit, parum interest scivisse. Deo sit laus, qui eas cogitationes suppeditavit.

    [La veine jugulaire interne, en descendant de la tête, sur le flanc de la trachée-artère, est munie de branches et, chemin faisant, soit elle reçoit, soit elle émet la veine chylifère, qui est la mère {a} des veines lactées venant des intestins. Elle est restée inconnue pendant des siècles, mais par son inépuisable désir de chercher, le très brillant M. Ioh. van Horne, anatomiste sans égal, l’a mise au jour : il nous l’a montrée chez le chien, puis chez l’homme. Thomas Bartholin, fils de Caspar, professeur de médecine et d’anatomie à Copenhague qui est parfaitement digne de toute louange, l’a trouvée avant lui. {b} Au même moment, elle a aussi été découverte en France par Jean Pecquet, qui fut le premier à publier son existence dans un petit livre paru à Paris et récemment réédité à Hardewijk. {c} Il n’y a guère d’intérêt à savoir qui de ceux-là en détient la primeur. Loué soit Dieu qui a fait aboutir ces méditations].


    1. Le collecteur.

    2. Thomas Bartholin : De lacteis thoracis in hominis brutisque… [Des lactifères du thorax chez les hommes et les bêtes…] (Copenhague, 1652, V. note [16], lettre 308).

    3. Dissertatio Anatomica de Circulatione Sanguinis et Chyli Motu [Dissertation anatomique sur la Circulation du sang et le Mouvement du Chyle] (Hardewijk, Ioa. Tollius, 1652, in‑12) : réédition hollandaise confidentielle des Experimenta nova anatomica de Pecquet (Paris, 1651) ; je n’en ai trouvé la référence que grâce aux deux livres de Scriptis medicis de Linden (Amsterdam, 1662, page 390).

    La découverte des voies du chyle a provoqué une tempête de contestations et d’invectives. Dans la tourmente, j’admire que Linden ait honnêtement respecté les faits sans craindre de froisser la gloire de Leyde et de son ami van Horne. Patin, quant à lui et selon son habitude, essayait d’adapter son jugement à ce qu’il croyait être celui de son correspondant.

    Toujours à l’affût de jolies découvertes, Jean-François Vincent, rédacteur en chef de notre édition, a attiré mon attention sur le Dictionnaire médical de l’Académie de médecine (2015), qui donne « sac de van Horne » pour synonyme de « citerne de Pecquet » et de « réservoir du chyle ».

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Johannes Antonides Vander Linden, le 2 juillet 1656, note 4.

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(Consulté le 29/03/2024)

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