À Johann Caspar Fausius, le 10 novembre 1666, note 4.
Note [4]

En conflit avec l’électeur palatin (Karl Ludwig von Wittelsbach, v. note [30], lettre 236), le duc Charles iv de Lorraine (v. note [37], lettre 6) avait envahi le Palatinat et y menait rude guerre. L’intervention diplomatique des rois de France et de Suède permit de conclure une paix à Heilbronn (v. note [9], lettre 135), le 7 février 1667.

Cette querelle impliquait d’autres voisins du Palatin. Le Coq de Villeray en a exposé le motif juridique dans son Traité historique et politique du droit public de l’Empire d’Allemagne (Paris, Laurent d’Houry, 1748, in‑4o, pages 80‑81) en parlant des droits des princes sur leurs sujets :

« Ceux qui sont serfs sont des hommes dont on a la propriété et qui, étant attachés aux glèbes des fiefs, ne peuvent abandonner leurs habitations sans la permission expresse du seigneur.

L’électeur palatin, par exemple, acquiert un droit de propriété sur les hommes, même sur les bâtards qui, n’ayant point ailleurs de domicile fixe, séjournent pendant le cours d’une année seulement dans le Palatinat, ou même dans le voisinage. En vertu de ce droit, il peut les revendiquer dans quelque terre de l’Empire que ce soit, où ils se seront réfugiés, mais encore les forcer à revenir dans ses États, comme siens et à lui appartenant.

Ce droit s’appelle Wildfangiatus, et les hommes qui sont dans le cas que l’on exerce sur eux sont appelés Wildfangiens. {a}

Le même électeur ayant voulu dans le dernier siècle étendre son droit sur les hommes de cette espèce qui s’établissaient dans les terres des États voisins des siens, s’attira de grandes affaires avec les électeurs de Bavière et de Mayence, et les évêques de Spire et de Worms, {b} contre qui ce prince eut de longues discussions à démêler ; mais son droit était si incontestable qu’elles furent toutes terminées à son avantage à Heilbronn en Souabe, en 1667, où ce droit fut authentiquement confirmé, et en vertu duquel il fait rentrer tous les jours dans leur devoir ceux qui sont dans le cas et qui veulent se soustraire à sa domination. »


  1. Le mot allemand Wildfang (ici latinisé) signifie sauvageon, voyou.

  2. Auxquels se joignit le duc de Lorraine.

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Johann Caspar Fausius, le 10 novembre 1666, note 4.

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(Consulté le 29/03/2024)

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