Autres écrits : Ana de Guy Patin :
L’Esprit de Guy Patin (1709),
Faux Patiniana II-3, note 40.
Note [40]

Jacobus Micyllus (Jacob Molseym ou Moltzer, Jacques Micylle ; Strasbourg 1503-Heidelberg 1558) a enseigné le latin et le grec dans diverses universités allemandes. Il avait emprunté son nom de plume au personnage de Μικυλλος (Mikullos) qui figure dans le dialogue de Lucain intitulé Ονειρος η Αλεκτρυων (Oneiros ê Alektruôn « Le Songe ou le Coq »). « Il a été un des meilleurs poètes < latins > qui furent de son temps en Allemagne » (Bayle).

Guy Patin n’a jamais parlé de Micylle. Cet article du Faux Patiniana a emprunté l’essentiel de sa première partie à l’addition d’Antoine Teissier aux Éloges des hommes savants tirés de l’Histoire de M. de Thou (Genève, 1683, v. note [12] du Faux Patiniana II‑2), sur Micylle (tome premier, pages 139‑140).

  • Nos roués faussaires ont choisi quatre des quinze ouvrages latins recensés par Teissier, en donnant les mêmes abréviations de leurs titres :

    • les « diverses Épigrammes latines et grecques » ne correspondent pas à un ouvrage particulier, mais regroupent plusieurs recueils qui contiennent aussi des pièces de Joachim Camerarius ; {a}

    • Ratio examinandorum versuum ad usum et exercitationem puerorum composita…

      [La manière d’examiner les vers, composée pour l’usage et l’exercice des enfants…] ; {b}

    • la « Vie d’Euripide » est dans :

      Euripides Poeta Tragicorum princeps in Latinum sermonem conversus, adiecto e regione textu Græco : cum Annotationibus et Præfationibus in omnes eius Tragœdias, autore Gasparo Stiblino. Accesserunt Iacobi Micylli De Euripidis vita, ex diversis autoribus collecta : item De Tragœdia et eius partibus προλεγομενα quædam. Item, Ioannis Brodæi Turonensis Annotationes doctiss. nunquam antea in lucem editæ. Ad hæc, Rerum et verborum toto Opere præcipue memorabilium copiosus Index.

      [Euripide, le poète, prince des Tragiques, traduit en latin, avec en face le texte grec, et les annotations et préfaces de Gasparus Stiblinus {c} sur chacune des tragédies. On y a ajouté la Vie d’Euripide que Jacobus Micyllus a colligée à partir de divers auteurs, ainsi que quelques prolégomènes sur la tragédie et les parties qui la composent, ainsi que les très savantes annotations jusqu’ici inédites de Jean Brodeau, natif de Tours. {d} Avec un copieux index des matières et des mots particulièrement remarquables contenu dans la totalité de l’ouvrage] ; {e}

    • « Les annotations sur Ovide » appartiennent à l’édition des :

      P. Ovidii Nasonis Poetæ Sulmonensis Fastorum libri vi. Tristium v. De Ponto iiii. In Ibin. Cum Commentariis doctiss. Virorum, Ant. Cosntantinii Fanensis, Pauli Marsi, Barth. Merulæ, Domitii Calderini, Zarotti : multo quam hactenus usquam et elegantius et emendatius excusis. His accesserunt Enarrationes Viti Amerpachii, Iacobi Micylli et Philippi Melanchthonis Annotationes, longe doctissimæ : quibus loca vel depravata, vel obscura, parumque recte hactenus ab aliis intellecta, ita emendantur et explicantur, ut vix quicquam desiderare amplius horum librorum studiosi possint.

      [D’Ovide, poète natif de Sulmone : les six livres des Fastes, les cinq des Tristes, les quatre des Pontiques et Contre Ibis. {f} Avec les Commentaires des plus doctes auteurs : Ant. Constantius natif de Fano, Paulus Marsus, Barth. Merula, Domitius Calderinus, Zarottus. {g} On y a ajouté les gloses de Vitus Amerpachius {h} et de Jacobus Micyllus, et les annotations extrêmement savantes de Philipp Melanchthon : {i} elles corrigent et expliquent les passages corrompus ou obscurs, et que les autres ont jusqu’ici peiné à comprendre, avec tant de soin que ceux qui étudient ces livres ne peuvent presque rien désirer de plus]. {j}


      1. V. note [22], lettre 352.

      2. Augsbourg, Philippus Ulhardus, 1539, in‑8o de 5 feuilles, pour la première de plusieurs éditions.

      3. Kaspar Stiblin (1526-1562), philologue allemand.

      4. V. notule {g}, note [55], lettre latine 154.

      5. Bâle, Ioannes Oporinus, 1562, in‑fo de 667 pages et 220 colonnes.

      6. V. notule {a}, note [51] du Borbonniana 7 manuscrit.

      7. Les noms italiens de ces quatre philologues sont : Antonio Costanzo (né à Fano, dans les Marches, 1436-1490), Paolo Marsi (né à Pescina, 1440-1484), Bartolomeo Merula (né à Mantoue, xve s.) et Domizio Calderino (né à Torri del Benaco, en Vénétie, vers 1445-1478). Antonio Zarotto (Parme 1450-1510) est un imprimeur de Milan.

      8. Veit Amerbach (Wemding, Bavière, 1503-1557).

      9. V. note [12], lettre 72.

      10. Bâle, Ioannes Hervagius, 1550, in‑4o de 793 pages.

  • Les rédacteurs de L’Esprit de Guy Patin ont recopié les mêmes huit vers latins, qui ne sont pas de Micylle, mais de Petrus Lotichius Secundus Solitariensis, {a} tirés de son Elegia ii, Ad Philippum Melanchthonem, De obitu clarissimi viri Jacobi Micylli [Élégie ii, À Philipp Melanchthon, Sur la mort du très brillant Jacobus Micyllus] (Poemata, pages 99‑104) ; {b} en voici ma traduction : {c}

    « Le destin m’appelle et je meurs de bon cœur. Adieu mes amis, la haute royauté du ciel étoilé me convoque ; mais Toi, Christ, qui nous accordes les joies d’une nouvelle vie, et nous donnes une place dans le séjour d’en-haut, attribue généreusement le repos paisible à cette âme qui s’en va, afin que le prix de ta mort ne me soit pas inutile. Que cette liqueur, qui s’écoule de ta sainte plaie, me lave, qu’il soulage ces fièvres, qu’il étanche cette soif ! » {d}


    1. Petrus Lotichius Secundus est le nom latin de Peter Lotich (ou Lotz) le Jeune (Schlüchtern, Hesse 1528-Heidelberg 1560), poète latin et médecin allemand. Il était grand-oncle de Johann Peter Lotich, correspondant de Patin, qui n’aurait sans doute pas manqué de mentionner cette parenté.

    2. Leipzig, Officina Vœgeliana [Atelier Vœgel], 1563, in‑8o de 242 pages, pour l’une de plusieurs éditions.

    3. Ils sont précédés (page 103) de ces deux vers parlant de Micylle :

      Ergo ubi sensisset labi per viscera mortem,
      Hæc dedit in mæsto verba suprema thoro
      .

      [Quand donc il sentit la mort envahir ses entrailles, il prononça ces paroles sur sa funèbre couche].

      J’ai corrigé la transcription de L’Esprit de Guy Patin pour la rendre strictement conforme à la source originale.

    4. Lotich conclut son récit (mais non son élégie) avec ces deux vers :

      Dixit, et in tenues migravit spiritus auras,
      Et placidus clausit lumina victa sopor
      .

      [Il dit ces mots, et son esprit migra vers les cieux déliés, et un calme assoupissement ferma ses yeux défaits].


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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – Autres écrits : Ana de Guy Patin :
L’Esprit de Guy Patin (1709),
Faux Patiniana II-3, note 40.

Adresse permanente : https://www.biusante.parisdescartes.fr/patin/?do=pg&let=8216&cln=40

(Consulté le 29/03/2024)

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