Autres écrits : Ana de Guy Patin :
Patiniana I‑2 (1701), note 41.
Note [41]

« Voyez cette déclaration d’Edmond Richer, obtenue de force par le cardinal, qu’il a signée le 7 décembre 1629, devant les notaires parisiens Coustart et Jutet, en présence de Charles Talon et du P. Joseph, capucin : elle est dans l’appendice du testament du dit Richer, publié à Paris en 1630, pages 3‑4, avec d’autres traités que l’auteur avait précédemment publiés en 1622, in‑4o, contre André Du Val, son collègue de Sorbonne. »

  • Il n’y a pas d’appendice dans l’édition que j’ai consultée du Edmundi Richerii Doctoris Theologi Parisiensis Testamentum [Testament d’Edmond Richer, docteur en théologie de Paris]. {a} La rétractation de Richer a été publiée dans la Relatio eorum quæ acta sunt in Scara Theologiæ Facultate Parisiensi sub finem anni 1629 [Relation de ce qui s’est passé en la sainte Faculté de théologie de Paris vers la fin de 1629], {b} sous le titre de Declaratio Edmundi Richerij super editione Libelli sui, De Ecclesiastica et Politica potestate [Déclaration d’Edmond Richer sur la publication de son petit livre de la Puissance ecclésiastique et politique] (pages 7‑9) :

    Ego Edmundus Richer, Presbyter Diœcesis Lingonensis, Doctor sacræ Facultatis Theologiæ Parisiensis, et Magnus Magister Collegij cardinalitij Universitatis Parisiensis subsignatus : Quum perspexerim quasdam propositiones Libelli a me scripti anno millesimo sexcentesimo undecimo, De Ecclesiastica et Politica potestate, in malam partem acceptas : hic protestor et declaro me semper voluisse, atque etiam nunc velle, et meipsum et Libellum præfatum, quascumque eius propositiones, earumque interpretationes, omnemque meam doctrinam Ecclesiæ Catholicæ Romanæ, et sanctæ Sedis Apostolicæ iudicio subiicere, quam matrem et magistram omnium Ecclesiarum, et infallibilem veritatis Iudicem agnosco. Ac protestor permagnum concepisse dolorem, aliquas propositiones memorati Libelli sic a me conscriptas, ut occasionem offensionis dederint, quasi iustæ et legitimæ potestati Summi Pontificis, et Dominorum Prælatorum Ecclesiæ aliquid diminutum, aut detractum vellem ; licet talis intentio mea non fuerit. Quas quidem propositiones, quatenus Ecclesiæ Catholicæ, Apostolicæ et Romanæ iudicio, ut sonant, contrarias, vehementer improbo et condemno. Quam declarationem profiteor me libere et voluntarie edidisse, ut mea erga sanctam Sedem Apostolicam obedientia cunctis pateat, eamque inter manus Illustrissimi Domini cardinalis de Richelieu, Provisoris Sorbonæ, consignandam censuisse, pro ratione observantiæ et debiti mei erga eundem Dominum Illustrissimum cardinalem. In cuius reo fidem et testimonium præsentem declarationem et protestationem concepi, meaque manu scripsi et obsignavi. Anno Domini millesimo sexcentesimo vigesimo nono, die Veneris septima Decembris, præsentibus Magistro Carolo Talon, Parocho sancti Gervasij Parisiensis, et Patre Ioseph Parisiensis Ordinis Cappucinorum.

    E. Richer.
    Talon. F. Ioseph.

    [Je soussigné Edmond Richer, prêtre natif du diocèse de Langres, docteur de la sainte Faculté de théologie de Paris et principal du Cardinal Lemoine en l’Université de Paris, {c} ayant attentivement regardé certaines propositions de mon petit livre « sur la Puissance ecclésiastique et politique », écrit en 1611, que j’avais fallacieusement interprétées, proteste et déclare ici avoir toujours voulu et vouloir encore aujourd’hui soumettre ma personne et mon dit livre, ainsi que chacune des propositions qu’il contient, leurs interprétations et toute ma doctrine, au jugement de l’Église catholique romaine et du Saint-Siège pontifical, que je reconnais pour la mère, et pour le maître et infaillible juge de la vérité de toutes les Églises. Et ayant été profondément peiné que quelques propositions de mon dit livre, telles que je les ai interprétées, aient offensé en faisant penser que je voulais affaiblir ou supprimer en quelque façon le juste et légitime pouvoir du souverain pontife et des prélats qui dirigent l’Église, bien que telle n’ait pas été mon intention, je proteste que je condamne et désapprouve avec force ces propositions, dans la mesure où, telles qu’elles sont exposées, elles sont contraires au jugement de l’Église catholique, apostolique et romaine. Je déclare avoir librement et volontairement rédigé cette déclaration pour affirmer mon entière obéissance envers le Saint-Siège, et avoir jugé bon de la signer sous l’autorité de Monseigneur l’illustrissime cardinal de Richelieu, proviseur de Sorbonne, en raison de ma soumission et de mes devoirs envers ledit Monseigneur l’illustrissime cardinal. En foi et témoignage de quoi, j’ai établi la présente déclaration et protestation, et l’ai écrite et signée de ma propre main, le vendredi 7 décembre 1621, en présence de Maître Charles Talon, curé de la paroisse de Saint-Gervais à Paris, et du Père Joseph de Paris, de l’Ordre des capucins.

    E. Richer.
    Talon. F. Joseph
    ]. {d}

    « Aujourd’hui, date des présentes, est comparu devant les notaires garde-notes du roi, notre Sire, au Châtelet de Paris, soussignés, vénérable et scientifique personne {e} Maître Edmond Richer, docteur en la Faculté de théologie de Paris et grand maître du Collège dit du Cardinal Lemoine, fondé en l’Université de Paris, rue saint-Victor, lequel a reconnu et confessé avoir écrit et signé le contenu ci-dessus, qui est véritable, dont il a requis aux dits notaires soussignés le présent acte en l’étude de Jutet, l’un desdits notaires soussignés, le vendredi après-midi 7e jour de décembre l’an 1629, et a signé en la minute du présent acte.

    E. Richer. Coustart. Jutet. » {f}


    1. Paris, aux dépens de l’auteur, 1630, in‑4o de 24 pages : daté au début du 22 novembre 1613, avec un codicille olographe final contre les hérétiques réformés, signé le 24 décembre 1629, anno septuagesimo ætatis post diuturnum morbum nephritidis [en ma soixante-dixième année d’âge, au décours d’une longue maladie néphrétique] (Richer est mort le 28 novembre 1631).

    2. Sans lieu ni nom, 1630, in‑8o de 14 pages.

    3. V. note [6], lettre 34.

    4. La même rétractation {a} a été publiée dans la :

      Déclaration et Protestation de feu maître Émond Richer docteur en théologie et grand maître du Collège du Cardinal Lemoine. Sur lédition de son livre de la puissance ecclésiastique te politique. Faite entre les mains de Monseigneur l’Éminentissime cardinal de Richelieu. {b}


      1. En français et en latin, suivie d’un enregistrement notarié daté du 9 décembre 1631.

      2. Sans lieu ni nom, 1632, in‑4o de 16 pages.

      En voici la traduction française officielle :

      « J’ai soussigné Émond Richer prêtre du diocèse de Langres, docteur de la sacrée Faculté de théologie de Paris, et grand maître du Collège du Cardinal Lemoine en l’Université de Paris, ayant reconnu que quelques propositions du livre de la Puissance ecclésiastique et politique, que j’ai composé l’an mil six cent onze, avaient été mal reçues, proteste et déclare par ces présentes que j’ai toujours voulu et veux encore soumettre, tant ma personne que mon susdit livre, et toutes les propositions d’icelui, avec l’interprétation d’icelle et, en somme, toute ma doctrine, au jugement de l’Église catholique romaine et du Saint-Siège apostolique, que je reconnais être la Mère et Maîtresse de toutes les églises, et juge infaillible de la vérité. Et proteste avoir été grandement fâché d’avoir tellement mis en avant lesdites propositions qu’elles aient donné sujet d’offense, comme si je voulais amoindrir et retrancher quelque chose de la juste et légitime puissance du souverain pontife et de messieurs les prélats, bien que jamais je n’aie eu cette intention : lesquelles propositions, comme contraires (selon que les paroles le signifient) à l’Église catholique apostolique et romaine, je condamne et improuve grandement, protestant que je fais librement et volontairement cette déclaration, afin de montrer manifestement à un chacun mon obéissance au S. Siège apostolique. Laquelle déclaration j’ai jugé devoir être consignée entre les mains de l’Illustrissime seigneur cardinal de Richelieu, proviseur du Collège de Sorbonne, pour l’honneur et révérence que je lui porte selon mon devoir ; en foi et assurance de quoi j’ai conçu la présente déclaration et protestation, laquelle j’ai écrite et signée de ma propre main l’an 1629, ce vendredi 7e de décembre, en présence de maître Charles Talon, curé de Saint-Gervais en cette ville de Paris, et du Père Joseph, Parisien de l’Ordre des capucins. »

    5. Scientifique : « qui sait beaucoup. Les notaires donnent aux ecclésiastiques dans leurs actes la qualité de vénérable et scientifique personne » (Furetière).

    6. Jean Coustart a été notaire à Paris de 1625 à 1637, rue Saint-Christophe, puis rue de la Calandre ; son confrère Fiacre Jutet a exercé de 1622 à 1632, rue de la Vieille Draperie.

  • André Du Val, {a} théologien partisan de l’ultramontanisme, a été l’un des nombreux adversaires sorboniques de Richer. Il a notamment publié contre lui le :

    Libelli de Ecclesiastica et Politica potestate Elenchus. Pro suprema Romani Pontifcis in Ecclesiam authoritate. Ad Illustriss. et Reverendiss. S.R.E. Cardinalem Dom. Iacobum Davy du Perron, Senonum archiepiscopum Galliarum et Germaniæ Primatem et magnum Franciæ Eleemosynarium, etc. Authore Andrea Du Val Doctore Sorbonico, et sacræ Theologiæ in Parisiensi Academia Regio Professore.

    [Appendice du petit livre sur la Puissance ecclésiastique et politique. Pour défendre l’autorité suprême du pontife romain sur l’Église. Adressé à l’illustrissime et révérendissime cardinal de sainte Église romaine, Monseigneur Jacques Davy Duperron, {b} archevêque de Sens, primat de Gaule et de Germanie, et grand aumônier de France, etc. Par André Du Val, docteur de Sorbonne et professeur royal de théologie sacrée en l’Université de Paris]. {c}


    1. V. note [17], lettre 39.

    2. V. note [20], lettre 146

    3. Paris, François Jacquin, 1612, in‑8o de 160 pages, dont l’index énumère 42 réfutations du richérisme.

  • Quelques attaques de Richer contre Du Val se lisent dans la :

    Emundi Richerii Doctoris Theologi Parisiensis Demonstratio Libelli de Ecclesiastica et Politica Potestate. Ecclesia, est Politia Monarchica, ad finem supernaturalem instituta ; regimine Aristocratico, quod omnium optimum, et naturæ conveninetissimum est, temperata a summo animarum pastore Domino nostro Iesu Christo.

    [Justification par Edmond Richer, docteur en théologie parisien, du petit livre sur la Puissance eclésiastique et politique. {a} L’Église est une organisation monarchique qui a été instituée à des fins surnaturelles ; le très éminent pasteur des âmes, notre Seigneur Jésus-Christ la dirige par un régime aristocratique, qui est le meilleur de tous et le plus naturel]. {b}


    1. Ce livre commence par une rétractation datée du 30 juin 1622 et signée devant notaires, dont la teneur est similaire à celle de 1629 : les termes en sont un peu différents et elle ne mentionne ni Richelieu ni le Père Joseph.

    2. Paris, aux dépens de l’auteur, 1622, in‑4o de 143 pages.

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – Autres écrits : Ana de Guy Patin :
Patiniana I‑2 (1701), note 41.

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(Consulté le 26/04/2024)

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