À Gerardus Leonardus Blasius, le 28 janvier 1661, note 43.
Note [43]

Page 141 des Commentaria, vers le milieu :

Rarius tantus calor est cordis, ut ipsum hirsutum fiat et polis refertum, quale […] in latronibus quibusdam insignibus testantur se hoc vidisse Benivenius, Lusitanus et Muretus. Tales vero homines audacissimi sunt, calidissimi et callidissimi, atque ut plurimum scelerati.

[Très rarement, la chaleur du cœur est si grande qu’il se hérisse et couvre de poils, comme (…) Beniveni, {a} Lusitanus {b} et Muret {b} témoignent l’avoir vu de leurs propres yeux chez d’insignes brigands ; de tels hommes sont en vérité fort hardis, fort chauds et fort madrés, et scélérats pour la plupart]. {c}


  1. Antonio Beniveni a relaté, au chapitre lxxxiii de son traité de abditis nonnulis ac mirandis morborum et sanationum causis [sur quelques causes cachées et merveilleuses de maladies et de guérisons] (Florence, 1507, v. supra notule {d}, note [33]), un Cor pilis refertum [Cœur couvert de poils] chez un voleur récidiviste qui avait survécu à une première pendaison, mais qu’on avait de nouveau pendu pour de bon, puis disséqué :

    Hoc idem inventum est in corde Aristomenis Græci, qui solus perhibent integras acies pugnando in fugam vertisse. Est ergo non tantum scelesti ingenij signum sed quandoque etiam raræ fortitudinis.

    [On a trouvé la même chose dans le cœur du Grec Aristomène, {i} dont on raconte qu’en combattant seul il a mis des armées entières en fuite. C’est donc non seulement le signe d’un tempérament criminel, mais aussi parfois d’une rare vaillance].

    1. Roi de Messénie au viie s. av. J.‑C.

  2. Lusitanus pouvait s’appliquer à deux médecins juifs d’origine portugaise, Abraham Zacutus Lusitanus (v. note [7], lettre 68) et Amatus Lusitanus, dont il s’agissait ici : dans la 65e curation (pages 622‑623) de la 6e de ses Curationum medicinalium Centuriæ septem… [Sept centuries de curations médicales…] (Bordeaux, 1620, v. note [2], lettre 232), intitulée In qua agitur de pilis in lingua genitis , satis longis [Où il est question de poils assez longs qui poussent sur la langue], Amatus Lusitanus rapporte avoir disséqué à Ferrare le cadavre d’un homme dont le cœur était entouré de poils, audacissimus tamen hic erat grassator et latro insignis [c’était pourtant un très hardi bandit et un insigne brigand].

  3. Marc-Antoine Muret, humaniste français du xvie s., {i} n’était pas médecin, mais on lit ce propos au chapitre x, livre xii (pages 321‑322) de ses Variarum lectionum libri xv [Quinze livres de Leçons diverses…], {ii} intitulé De quibusdam, qui piloso sunt corde [De certaines gens qui ont le cœur poilu] :

    Ipse quoque memini, cum Venetiis essem, sumptum esse capitis supplicium de nobili quodam latrone, qui cùm à carnifice dissecaretur, corde admodum piloso repertus est. Roboris quidam, astutiæ et calliditatis alij esse id argumentum volunt.

    [Je me rappelle aussi, quand j’étais à Venise, un noble brigand dont on avait tranché la tête ; et quand le bourreau l’a dépecé, on lui a trouvé le cœur fort poilu. Certains veulent que ce soit une preuve de vigueur, et pour d’autres, de ruse et de rouerie].

    1. V. note [31], lettre 97.

    2. Anvers, 1586, v. notule {b}, note [57] du Borboniana 2 manuscrit.

    Ces relations merveilleuses ne sont peut-être pas de pures fables, mais l’effet d’une inflammation (v. note [6], lettre latine 412) aiguë du péricarde (péricardite) avec formation de filaments fibrineux à la surface du cœur (sans relation, autre que fortuite, avec les vertus ou les vices de ceux qui en sont atteints).

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    Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Gerardus Leonardus Blasius, le 28 janvier 1661, note 43.

    Adresse permanente : https://www.biusante.parisdescartes.fr/patin/?do=pg&let=1187&cln=43

    (Consulté le 16/04/2024)

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