Autres écrits : Ana de Guy Patin :
L’Esprit de Guy Patin (1709),
Faux Patiniana II-2, note 44.
Note [44]

« Délivre-nous, Seigneur, de la furie des Normands. »

Guy Patin a appliqué cette supplique aux exactions du cardinal Mazarin pendant le siège de Paris (1649, v. note [9], lettre 176) ; en outre, il s’est souvent défié des Normands, se plaisant par exemple à les dire issus du « pays de Sapience » (v. note [3], lettre 41). Toutefois, cela n’en fait pas l’auteur de cet article, car les rédacteurs de L’Esprit de Guy Patin ont trouvé pire contempteur que lui en la personne de Louis Moréri (v. supra note [33]), et ils ont indiscutablement tiré leur matière de ce qu’il a écrit sur la Normandie dans son Grand Dictionnaire (Lyon, 1674, page 988) :

« Ceux de cette province sont ingénieux, mais colères et chicaneurs. Le reproche qu’on fait aux Normands ne se doit prendre que pour ceux de la lie du peuple. Les autres sont braves et généreux. Clovis réduisit ce pays en province ; elle fit une partie du royaume de Soissons. Depuis, les Normands, peuples sortis du Nord, {a} après avoir piraté le long des côtes de la mer, se jetèrent dans la France, du temps de Charles le Chauve, et ils y firent des dégâts incroyables. {b} Ces courses durèrent environ quatre-vingts ans ; la résistance fut souvent inutile ; il en fallut venir à des tributs honteux, et toutes ces sommes d’argent ne faisaient qu’attirer davantage les barbares. Ils assiégèrent trois fois Paris, {c} et ils effrayèrent si fort les habitants de cette grande ville que, dans leurs oraisons publiques, ils priaient Dieu qu’il les délivrât de la fureur des Normands. » {d}


  1. Les « hommes du Nord » venus de Scandinavie (Vikings) pour rapiner la France au ixe s.

  2. Charles ii le Chauve a régné de 843 à 877.

  3. Leur entreprise la plus hardie fut le siège de Paris de 885 à 887, sous le règne de Charles iii le Gros. Trois autres sièges (ou plutôt raids) avaient eu lieu en 845, 856 et 861.

  4. J’ai mis en italique la citation que L’Esprit de Guy Patin a traduite en latin (en s’inspirant d’un propos de Patin).

La suite de l’article est un commentaire des auteurs de L’Esprit de Guy Patin, qui ont cru mieux leurrer leurs lecteurs en vantant la supériorité des Picards (comme était Patin) sur les Normands.

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – Autres écrits : Ana de Guy Patin :
L’Esprit de Guy Patin (1709),
Faux Patiniana II-2, note 44.

Adresse permanente : https://www.biusante.parisdescartes.fr/patin/?do=pg&let=8215&cln=44

(Consulté le 24/04/2024)

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