Autres écrits : Ana de Guy Patin :
L’Esprit de Guy Patin (1709),
Faux Patiniana II-6, note 44.
Note [44]

Cet article est un médiocre plagiat de l’Apologie pour tous les grands hommes qui ont été accusés de magie de Gabriel Naudé, pages 226‑227, {a} à propos des démons familiers :

« Apulée voulait que ce fût un dieu ; {b} Lactance et Tertullien, {c} que ce fût un diable ; Platon, qu’il était invisible ; Apulée, qu’il pouvait être aussi visible ; Plutarque, {d} que c’était un éternuement à la gauche ou à la droite partie, selon lequel Socrate présagissait {e} un bon ou mauvais événement de la chose entreprise ; Maxime de Tyr, {f} que ce n’était qu’un remords de conscience contre la promptitude et violence de son naturel, qui ne s’entendait ni ne se voyait point, par qui Socrate était retenu et empêché de faire quelque chose mauvaise ; Pomponatius, que c’était l’astre qui dominait en sa nativité ; {g} et Montaigne, {h} finalement, était d’avis que c’était une certaine impulsion de volonté qui se présentait à lui sans le conseil de son discours. Pour moi, je crois que l’on pourrait dire assez véritablement que ce démon familier de Socrate, qui lui était in rebus incertis prospectator, dubiis præmonitor, periculosis viator, {i} n’était autre que la bonne règle de sa vie, la sage conduite de ses actions, l’expérience qu’il avait des choses, et le résultat de toutes ses vertus qui formèrent en lui cette prudence, laquelle peut être à bon droit nommé le lustre et l’assaisonnement de toutes les actions, l’équerre et la règle de toutes les affaires, l’œil qui tout voit, tout conduit et ordonne ; et pour tout dire en un mot, l’art de la vie, comme la médecine est l’art de la santé. De sorte qu’il y a bien plus d’apparence de croire que l’âme de ce philosophe, autant épurée de ses passions plus violentes qu’enrichie de toutes sortes de vertus, était le vrai démon de sa conduite. »


  1. Édition de Paris, 1669, déjà citée sur le démon familier de Socrate dans le Patiniana I‑4 (v. sa note [46]).

  2. Apulée (v. note [33], lettre 99) est auteur d’un traité en 24 chapitres intitulé De deo Socratis [Du dieu de Socrate].

  3. Tertullien (v. note [9], lettre 119), dans son traité De Anima [De l’Âme], et Lactance (v. note [16], lettre de Charles Spon, datée du 28 août 1657), dans le livre ii de ses Institutions divines, ont parlé en termes similaires du démon de Socrate.

  4. Le Démon de Socrate est l’une des œuvres morales de Plutarque (v. note [9], lettre 101), présentée sous la forme d’un dialogue, avec un long passage sur la valeur prémonitoire des éternuements.

  5. Sic pour présageait.

  6. Les Dissertations 26 et 27 de Maxime de Tyr (v. note [9], lettre 246) sont intitulées « Ce que serait le dieu de Socrate ».

    V. notule {a}, note [19], lettre latine 228, pour l’éternuement.

  7. Dans la marge, Naudé renvoie au traité de Pomponace {i} De naturalium effectuum causis, sive de incantationibus… [Sur les causes des effets naturels, ou incantations…] ; {ii} le premier chapitre parle du démon de Socrate, mais j’y ai plutôt lu le contraire (pages 18‑19) :

    Quod si quis propter hæc dicat alteram partem, videlicet, quod ab ipsis materialibus producantur, utpote quod Socrates in dæmone producat speciem Socratis, veluti hæc albedo in oculum producit speciem sui, et sic de reliquis, quod multi dixerunt, adhuc non videtur satisfacere.

    [Sous prétexte que la matière d’un être pourrait se dédoubler, il ne me semble pas suffire que quelqu’un dise posséder un autre lui-même, étant donné que Socrate a produit dans son démon une image de Socrate, à la manière dont un objet blanc se reflète dans la pupille de l’œil ; et il en va de même pour tout ce que quantité de gens on prétendu].

    1. V. note [10], lettre 20.

    2. Bâle, Henrichus Petrus, 1556, in‑8o de 349 pages.

  8. Essais, livre i, fin du chapitre 11.

  9. Chapitre xvi d’Apulée « sur le dieu de Socrate » (v. supra notule {a}) (avec prospectator à la place de prospector) :

    « dans l’incertitude, il prévoit pour nous, dans le doute, il nous conseille, dans le danger, il nous protège. »

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – Autres écrits : Ana de Guy Patin :
L’Esprit de Guy Patin (1709),
Faux Patiniana II-6, note 44.

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(Consulté le 28/03/2024)

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