Autres écrits : Traité de la Conservation de santé (Guy Patin, 1632) : Chapitre II, note 45.
Note [45]

V. note [8] de la leçon de Guy Patin sur le laudanum et l’opium pour la subtile discussion sur les qualités respectives du vinaigre et du verjus dans Galien.

  • Gingembre (Thomas Corneille) :

    « plante qui croît non seulement aux Indes Orientales, mais encore dans les Occidentales, où les nouveaux habitants de ce pays-là l’ont transportée. Ses racines se répandent non en profondeur, mais en largeur, étant couchées entre deux terres, comme une main qui a plusieurs doigts étendus aux environs. Elles sont pleines de nœuds, petites comme celles du souchet, blanches, odorantes, et ont presque le goût du poivre. Ses feuilles ressemblent à celles des roseaux, qui meurent et reverdissent deux ou trois fois l’an. Les plus grandes ne le sont pas plus que l’herbe des prés. Quand elles sont sèches, c’est le temps de cueillir les racines. Il y en a qui pèsent jusqu’à une livre. On apporte en Europe du gingembre de Calicut, {a} ville fort marchande aux Indes, et non seulement du gingembre sec, mais du vert confit dans le sucre ou en un certain miel que les habitants tirent de certaines gousses qu’ils pressurent. Celui-là est beaucoup meilleur que le gingembre confit de Venise, qui se fait de racines de gingembre sèches. Quoique cette plante porte quelques graines, on ne s’en sert point pour la cultiver, mais l’on replante les petites racines ; et s’il arrive que l’on n’en ait pas assez, on divise la grosse patte ou maîtresse racine en morceaux que l’on replante par rangs dans de petites rigoles qu’on couvre ensuite de terre ; et en trois mois le gingembre vient à maturité. Il est bon à l’estomac et aide à la digestion. Il échauffe fort, mais non pas d’abord autant que le poivre qui est de parties plus subtiles, au lieu que le gingembre est composé d’une substance grosse et indigeste, qui n’est ni terrestre ni sèche, mais humide et aqueuse ; ce qui fait que sa chaleur dure plus longtemps. »


    1. Sur la côte occidentale de l’Inde, v. 3e notule {d}, note [64], lettre 101.

  • Muscade (Richelet) :

    « fruit d’un arbre que quelques-uns croient ne venir que dans l’île de Banda aux Indes [en Indonésie]. Cette île, ou plutôt les six îles qui la composent […], sont si fort chargées de muscadiers, qu’à la réserve d’une montagne qui jette du feu dans l’île de Gunung Api, il n’y a pas un arpent de terre qui n’en soit couvert, de sorte qu’en tout temps on voit les arbres chargés de fleurs ou de fruit, vert ou mûr. On cueille les muscades principalement trois fois l’année, en avril, en août et en décembre ; mais celles qui mûrissent en avril sont meilleures. L’arbre qui les porte ressemble assez au pêcher, si ce n’est qu’il a les feuilles un peu plus courtes et plus rondes. Le fruit est couvert d’un brou aussi épais que celui qui couvre nos noix. Ce fruit en s’ouvrant fait paraître une feuille fort mince sur une coque très dure ; mais elle ne l’enveloppe pas si bien qu’en plusieurs endroits elle ne laisse paraître la coque. C’est ce qu’on appelle fleur de muscade ou macis. Il faut casser cette coque pour trouver le fruit. La fleur est d’un nacarat [rouge orangé] vif tant que la noix est encore verte, mais après cela, elle change de couleur et tire sur l’orangé, principalement quand elle quitte la coque. Les habitants appellent les muscades palla, et le macis, brunapella. Ils les confisent avec leur brou au sucre ou au sel, et en font une très excellente confiture. Cette drogue échauffe le cerveau, fortifie la mémoire, chasse les vents, dégage les reins, et arrête le flux de ventre. L’huile qu’on en tire conforte les nerfs, provoque le sommeil, fait cesser les fluxions et guérit les maux d’estomac. Rien n’est plus souverain contre les douleurs que l’indigestion cause, qu’un onguent fait avec de la poudre de muscade ou de macis, mêlée avec de l’huile de rose. La muscade, pour être bonne, doit être pleine, pesante, agréable à l’estomac ; et si on la pique avec une aiguille, il faut qu’elle rende tout aussitôt un suc oléagineux » (ibid.). La noix « se râpe sur de certains ragoûts pour leur donner une petite pointe qu’ils n’auraient pas sans un peu de muscade. »

  • Moutarde (Furetière) :

    « Petite graine qu’on appelle autrement du sénevé. Le Seigneur a dit que si on avait de la foi gros comme un grain de moutarde, on commanderait aux montagnes de se jeter dans la mer, et qu’elles obéiraient. Est aussi une composition qu’on fait pour servir de sauce avec de la graine de sénevé broyée, et du vinaigre ou du moût : moutarde commune, moutarde de Dijon ; on mange les saucisses, le porc frais, le bœuf salé avec de la moutarde. Ce mot vient de mustum et ardeo, {a} parce que la bonne moutarde se fait de moût, comme celle de Dijon. »

    Trévoux cite ce dicton populaire :

    « De trois choses Dieu vous garde,
    Du bœuf salé sans moutarde,
    D’un valet qui se regarde, {a}
    D’une femme qui se farde. »


    1. Je brûle.

    2. Se prend pour ce qu’il n’est pas.

    La moutarde était aussi utilisée dans la composition de vésicatoires (v. note [39], lettre 246) : la graine de moutarde pilée et appliquée avec du miel ôte les marques de contusion et guérit la teigne ; la même, appliquée avec du vinaigre, guérit les morsures de animaux venimeux » (Chomel, 1709).

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – Autres écrits : Traité de la Conservation de santé (Guy Patin, 1632) : Chapitre II, note 45.

Adresse permanente : https://www.biusante.parisdescartes.fr/patin/?do=pg&let=8169&cln=45

(Consulté le 28/03/2024)

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