Autres écrits : Ana de Guy Patin :
L’Esprit de Guy Patin (1709),
Faux Patiniana II-1, note 45.
Note [45]

« Accommoder de toutes pièces » est à prendre dans le sens juridique de « libérer de tout grief ».

Je n’ai trouvé aucun ouvrage imprimé au xviie s. qui corresponde à ce projet littéraire : parmi les quelques traités à avoir défendu l’égalité des sexes, {a} nul n’a fondé ses arguments sur Juvénal écrivant

« La censure acquitte les corbeaux, mais condamne les colombes », {b}

en faisant des corbeaux les hommes, et des colombes, les femmes. {c}

L’Irlandais Richard Steele (1672-1729) a été un des fondateurs de The Spectator, journal quotidien qui a paru en 1711 et 1712. Son numéro 11 (13 mars 1711) portait sur le vers de Juvénal, dans sa double version latine et anglaise, The doves are censur’d, while the crows are spar’d. Son texte est devenu le discours ix (pages 58‑65) publié dans Le Spectateur, ou le Socrate moderne, où l’on voit un portrait naïf des mœurs de ce siècle. Traduit de l’anglais. {d} Il s’agit d’un spirituel plaidoyer en faveur du sexe dit faible, fondé sur le discours d’une dénommée Arietta et sous-titré :

« La rigueur des lois tombe sur d’innocentes femmes, et l’on épargne des scélérats. » {e}


  1. Comme le très confidentiel De Excellentia fœminei sexus de Jan van Beverwijk (Dordrecht, 1636, v. note [12], lettre de Samuel Sorbière écrite au début 1651) ou L’Égalité des hommes et des femmes de Marie de Gournay (1622, v. notule {c}, note [17] du Borboniana 5 manuscrit).

  2. V. note [25], lettre 432.

  3. Guy Patin a cité sept fois ce vers dans ses lettres, pour fustiger la bienveillance des puissants à l’égard des moines (21 janvier 1656), des jésuites (22 février 1656), des avortements criminels (20 mars 1665), du Journal des Sçavans (20 mars 1665), de la censure politique (27 janvier 1651), des courtisans dociles (27 octobre 1660) et des prévaricateurs (27 octobre 1660), mais jamais pour confronter les vertus des deux sexes. Il l’utiliserait ici pour dénoncer l’injuste sort des femmes, dont on est surpris qu’il s’inquiétât, étant donné sa misogynie ordinaire (v. notule {d}, note [1], lettre 600).

  4. Amsterdam, David Mortier, 1714, in‑12 de 456 pages.

  5. Cette référence est fort anachronique relativement à Patin, mais l’est beaucoup moins par rapport à son Esprit (1709), dont les rédacteurs auraient pu connaître Steele et avoir avoir eu vent de ses intentions. Je n’irai pourtant pas jusqu’à garantir la véracité absolue de mon explication, mais le l’ayant dénichée, il m’était difficile de ne rien en dire.

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – Autres écrits : Ana de Guy Patin :
L’Esprit de Guy Patin (1709),
Faux Patiniana II-1, note 45.

Adresse permanente : https://www.biusante.parisdescartes.fr/patin/?do=pg&let=8214&cln=45

(Consulté le 29/03/2024)

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