À Johann Daniel Horst, le 8 mars 1658, note 46.
Note [46]

V. note [4], lettre 245, pour la Methodus medendi [Méthode pour remédier] de Francisco Valles (Venise, 1589).

Valles était un sage défenseur de la saignée ; au livre ii, chapitre iv (pages 99‑100, réédition de Paris, 1651), il recommandait par exemple cette utile précaution :

Ob has igitur causas arteriarum attrectatio ad censendum de facultate pro mittendo sansguinem est maxime necessaria, ac præterea, quia venæ sectio vitali facultati magis, ac prius nata est officere per effusionem sanguinis et spirituum, quæ eius facultatis instrumenta propria sunt : qua de causa magis etiam quàm ulla alia evacuatio videtur facultatis constantiam desiderare. Missurus ergo sanguinem aut expurgaturus, considerabis dicta omnia, præcipue vere pulsum, neque ante vacuabis, quam iudicaveris esse virtutis robur, non id solum, quod præsentem evacuationem ita sustineat, ut du mea agitur anima non deficiat, sed etiam quod imposterum sit futurum satis ad perferendum morbum, et transigendam totam eius constitutionem. Eadem igitur causa, qua cum morbum fore longum suspicaris, minus audes cibum detrahere, debes et copiosas et multas evacuationes magis timere, alioqui, in brevibus ad utrumque esse audax, inediam dico et evacuationes.

[Il est donc absolument nécessaire de palper les artères pour décider s’il est possible de saigner et, en outre, quel mode opératoire choisir, parce que la phlébotomie affecte puissamment la faculté vitale et que sa première fonction est d’agir par soustraction de sang et d’esprits ; plus que tout autre mode d’évacuation, elle paraît donc requérir de vigoureuses fonctions corporelles. Avant de soustraire du sang, vous prendrez donc tout cela en considération et, en tout premier lieu, la qualité du pouls ; {a} et vous n’exécuterez pas la saignée si vous n’estimez pas le malade robuste ; c’est-à-dire qu’il sera non seulement capable de la supporter dans l’immédiat sans en mourir, mais qu’ensuite, il restera assez fort pour endurer jusqu’au bout sa maladie et que sa constitution s’en accommodera tout du long. Quand vous suspectez que la maladie va être longue, de même que vous n’oseriez pas suspendre l’alimentation, vous devez vivement redouter les évacuations copieuses et itératives ; sinon et à court terme, l’un comme l’autre, jeûne et saignées excessives, s’avéreront téméraires]. {b}


  1. Un pouls ferme et bien frappé est le reflet d’une masse sanguine et d’une pression artérielle adéquates, permettant de saigner sans risque de provoquer un choc hémorragique (collapsus).

  2. Comme il l’a écrit plus haut (2e paragraphe de la page précédente) et souvent ailleurs, Guy Patin suivait ce sain précepte, en ne prônant la saignée que « chaque fois que les forces du malade le permettent », quotiescumque vires sinunt ; mais cette appréciation est subjective, et on a reproché à Patin de s’y montrer parfois téméraire, notamment dans les derniers jours de Pierre Gassendi en 1655 : v. note [20], lettre 528.

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Johann Daniel Horst, le 8 mars 1658, note 46.

Adresse permanente : https://www.biusante.parisdescartes.fr/patin/?do=pg&let=1131&cln=46

(Consulté le 28/03/2024)

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