Autres écrits : Ana de Guy Patin :
L’Esprit de Guy Patin (1709),
Faux Patiniana II-6, note 46.
Note [46]

« Ce ne sont que mots et formules, et rien de plus » : imitation d’Horace, v. note [2], lettre 986.

Saint Ambroise de Milan {a} a raconté l’histoire de l’écrevisse, ou plus généralement du crabe (cancer) dans le livre v de son Hexameron, ouvrage dont aucune édition française n’a été imprimée aux xviexviie s. Divers auteurs l’ont néanmoins reprise, et celui qui a pu inspirer Guy Patin ou les rédacteurs de son Esprit est :

Le Buisson ardent, figure de l’Incarnation, contenant les vingt-quatre discours sur les Mystères de l’Avent. Par le R. Père Nicolas Caussin {b} de la Compagnie de Jésus ; {c}

Discours sixième (pages 152‑153), Des voies de l’homme à Dieu par la mortification des sens, et la fuite des occasions :

« De quel<que > côté que nous regardions la nature ou la vie civile, elles nous font une salutaire leçon de prendre au poil les occasions. {d} Les animaux mêmes, ainsi que nous témoigne saint Ambroise, se rendent les docteurs de l’homme en cette matière. Voyez, dit-il, ce que pratique l’écrevisse de mer, qui est naturellement friande de la chair des huîtres, elle aime la proie, mais elle craint le péril. Et que fait-elle pour éviter ce qu’elle appréhende, et jouir de ce qu’elle désire ? Elle se sert du temps et de l’occasion. Elle attend avec patience un beau soleil, qui flatte l’huître de ses rayons et lui fait ouvrir les portes de sa maison, desserrant sa coquille, qui le {e} tient clos et couvert contre son adversaire. Alors, cette habile chasseuse, voyant une ouverture propre à s’insinuer, et tenant une petite pierre qu’elle a ramassée sur le sable, la jette entre les deux coquilles de l’huître ; en sorte que ne pouvant plus commodément les fermer, il {e} donne entrée à l’ennemi, qui fait la curée de son corps. N’apprendrons-nous jamais, dans nos propres dangers, ce que la nature montre aux bêtes, et n’étudierons-nous point les leçons que Dieu nous fait par le moyen des créatures muettes, qui ont fait parler tous les livres ? » {f}


  1. V. note [24], lettre 514.

  2. V. note [5], lettre 37.

  3. Paris, Jean du Bray, 1648, in‑8o de 672 pages.

  4. Manière imagée et originale de dire « saisir les occasions » : v. note [36] (§ 1) du Faux Patiniana II‑3 pour la déesse Occasion, qu’il fallait saisir par les cheveux quand elle passait rapidement.

  5. À l’ancienne mode provençale, et sur le modèle du neutre grec (ostreon) et latin (ostreum), le P. Caussin employait le mot huître au masculin, ce qui ne dépare en rien son très joli style.

  6. Le P. Caussin n’a pas employé le mot « instinct », mais l’a sous-entendu : « sagacité naturelle qu’ont les animaux pour se conduire et rechercher ce qui leur est propre, qui supplée chez eux au défaut du raisonnement. Le chien par un instinct naturel s’attache à son maître qui lui fait du bien ; les éléphants, les singes et quelques autres animaux font des choses si surprenantes, qu’on a de la peine à les expliquer par cet instinct naturel » (Furetière). Guy Patin n’a jamais utilisé ce mot dans ses lettres.

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – Autres écrits : Ana de Guy Patin :
L’Esprit de Guy Patin (1709),
Faux Patiniana II-6, note 46.

Adresse permanente : https://www.biusante.parisdescartes.fr/patin/?do=pg&let=8219&cln=46

(Consulté le 24/04/2024)

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