À Charles Spon, le 29 avril 1644, note 47.
Note [47]

Botal (Leonardo Botallo ; Asti, Piémont 1519-Chenonceaux ou Blois 1587 ou 1588) reçut le titre de docteur en médecine à Pavie. Il vint ensuite en France et fut médecin du roi Charles ix, puis du duc de Brabant (François de France, duc d’Alençon et d’Anjou, v. note [13] du Borboniana 3 manuscrit). On lui doit la popularité de la saignée en France, où jusqu’alors les purgatifs régnaient presque seuls sur la thérapeutique. Botal érigea la saignée en panacée, autour du principe fameux que « Plus on tire de l’eau croupie d’un puits, plus il en vient de la bonne ; plus la nourrice est tétée, plus elle a du lait ; le semblable en est du sang et de la saignée » (Étienne Pasquier, v. note [1], lettre latine 55).

Malgré la vive opposition des médecins de la Faculté de Paris, les idées de Botal prévalurent. Hippocrate et Galien lui fournirent les armes dont il fit usage contre ses adversaires avec succès ; il profitait avec habileté de la discordance si fréquente de ces deux grands hommes, et toujours il se rangeait du parti de celui des deux qui avait préconisé l’emploi de la saignée. S’il s’était borné à conseiller l’usage de ce traitement, alors trop négligé, il n’aurait mérité que des éloges ; mais il osa recommander de tirer des quantités effrayantes de sang, et ce sur l’autorité très peu compétente des Arabes. De ce qu’Avicenne avait dit que le corps humain contenait, en moyenne, environ 25 livres de sang, il conclut qu’on pouvait en soustraire 17 (soit autour de huit litres, alors que le volume sanguin normal se situe autour de cinq). Ce fut sans doute lui qui fit connaître en France l’ouverture de la cloison des oreillettes chez le fœtus, car elle porte encore son nom aujourd’hui (trou de Botal) quoiqu’elle ait été connue de Galien (S. in Panckoucke).

Guy Patin, qui fut un des disciples zélés de Botal, citait ici le :

De Curatione per sanguinis missionem. De incidendæ venæ, cutis scarificandae, et huridinum applicandarum modo. Autore Leonardo Botallo Astensi Consiliario et Medico Regis, Reginæ, et Ducis Andium, Turon. etc. Regis fratris.

[Le traitement par la soustraction de sang : {a} la manière dont il faut inciser la veine, {b} scarifier la peau {c} et appliquer les sangsues. Par Léonard Botal, natif d’Asti, conseiller médecin du roi, de la reine, et du duc d’Anjou, de Touraine, etc., {d} frère du roi]. {e}


  1. Saignée.

  2. Phlebotomie.

  3. Pour l’application de ventouses.

  4. François de France, v. note [13] du Borboniana 3 manuscrit, frère de Henri iii et fils de Catherine de Médicis, (la reine mère, veuve de Henri ii).

  5. Lyon, Ioan. Huguetan, 1580, in‑8o ; première édition ibid. et id. 1577.

    l’auteur (que Patin a dit être non pas Botal, mais Michel i Marescot, v. note [5], lettre latine 17) « y combat l’opinion de ceux qui admettent la révulsion [v. note [8], lettre 673], la dérivation et le choix des veines, et il soutient qu’il est indifférent de piquer telle ou telle veine, pourvu qu’on réfère [distingue] les grosses aux [des] petites. Il s’étend assez au long sur le mécanisme de la saignée et il la conseille dans presque toutes les maladies » (Éloy).


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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Charles Spon, le 29 avril 1644, note 47.

Adresse permanente : https://www.biusante.parisdescartes.fr/patin/?do=pg&let=0104&cln=47

(Consulté le 29/03/2024)

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