À Claude II Belin, le 2 janvier 1641, note 5.
Note [5]

Le substantif mélancolie (de mélaina, noire, et cholê bile, en grec) et son adjectif, mélancolique, avaient trois acceptions distinctes.

  1. Assimilée à la terre, la mélancolie ou bile noire (atrabile, atra bila en latin) était, dans la médecine antique, et demeura jusqu’au début du xixe s., avec le sang, la bile jaune et la pituite (phlegme), l’une des quatre humeurs (v. note [4], lettre de Jean de Nully, datée du 21 janvier 1656), dont l’équilibre (le bon mélange ou tempérament) conditionnait la santé du corps humain. La mélancolie, qu’on croyait produite par le foie (v. note [1], Traité de la Conservation de santé, chapitre vii ), voire par les capsules surrénales, et mise en réserve dans la rate (v. note [5], lettre 61), n’a jamais eu, contrairement aux trois autres humeurs, d’existence réelle. Dans les allégories qu’on attachait aux humeurs, la bile noire correspondait à la terre, à la sécheresse froide de l’automne et à l’âge avancé.

    V. notule {a}, note [17], lettre latine 87, pour la saine et visionnaire attaque de Jan Baptist Van Helmont contre la réalité de l’atrabile et l’idée qu’elle serait emmagasinée dans la rate.

  2. « Le tempérament mélancolique [ou atrabilaire] est le plus propre pour l’étude. Il y a des mélancoliques par accident, quand il leur est arrivé quelque grande affliction qui leur donne du chagrin, de la mélancolie. Il y en a qui sont mélancoliques par art, qui se retirent pour méditer, pour écrire, pour rêver dans la solitude. On appelle aussi un fou mélancolique celui en qui la bile noire est prédominante » (Furetière). « Je ne suis pas naturellement mélancolique », confiait Guy Patin au début de sa lettre du 16 février 1645.

  3. La note [1] de la Consultation 12 (Mélancolie sympathique) explique la maladie mentale qu’on appelait mélancolie, telle que décrite Jean Fernel. dans sa Pathologie. Elle n’est qu’une assez lointaine parente du désordre qui porte ce nom en psychiatrie moderne.

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Claude II Belin, le 2 janvier 1641, note 5.

Adresse permanente : https://www.biusante.parisdescartes.fr/patin/?do=pg&let=0053&cln=5

(Consulté le 29/03/2024)

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