À Charles Spon, le 10 novembre 1644, note 5.
Note [5]

« dans sa Méthode générale, là où il est question de la peste ».

Les deux livres de la Methodus medendi, tam generalis quam particularis [Méthode pour remédier, tant générale que particulière] de Jean i Riolan ont paru pour la première fois à Paris en 1598 (Hadrianus Perier, in‑4o). Ils ont été revus et augmentés dans ses Opera omnia [Œuvres complètes] (Paris, 1610, v. note [9], lettre 22) ; le passage sur le régime alimentaire à suivre au cours de la peste, auquel renvoyait Guy Patin, s’y trouve à la fin du chapitre x (Morborum malignorum, venenatorum, contagiosorum, pestilentium communia remedia [Remèdes communs des maladies malignes, venimeuses, contagieuses, pestilentes]), dans la première section du livre ii (page 383) :

Præstatne fames an crapula ? fame, inquit Aetius, materia efferatur, et vires instringitur : quas imprimis custodire oportet. Celsus laudat sobrietatem et semel quotidie comedendum putat : Avicenna paulo plenius corpus alendum existimat, ut benigno alimenti vapore humoris malitia retundatur : Avicennæ favet Galenus. Sed liquidis, non solidis velim eos nutriri, ut gelativa, consumptis, iusculis pulli et vituli, saporatis, herbis, cardiacis, ut utraque acetosa, buglosso, borragine. Convenitne vinum ? non videtur, quia febricitantibus noxium. Verum est optimum cardiacum, cito reparat spiritus, et animi deliquijs succurrit. Confert febribus malignis, ut resistit putredini et cacoethiæ, non febri, diluendum tamen aqua acetosæ, scabiosæ, borraginis : Quibusdam placet in principio interdicendum, in argumento aut vigore cum vires violentia morbi opprimuntur, concedunt. Notabile est quod scribit Plutarchus in Iulio Cæsare, cum illius exercitus ciborum inopia, pravis alimentis uteretur, correptum fuisse peste, quæ tamen evanuit cum primum appulit in regionem feracem, præsertim vini.

« Faut-il plutôt jeûner ou manger sans retenue ? Le jeûne, dit Aétius, fera sortir la matière, mais il brise les forces quand il importe en premier de les ménager. Celse loue la sobriété et pense qu’il ne faut manger qu’une fois par jour. Avicenne estime qu’il faut nourrir le corps presque à satiété pour que la chaleur bénigne de l’aliment réprime la malignité de l’humeur, et Galien est de même avis. {a} Je voudrais pourtant qu’on ne nourrisse pas les malades avec des solides, mais avec des liquides, tels que gelée, consommés, bouillons de poule ou de veau, potages de légumes, cardiaques, comme sont les deux oseilles, la buglose, la bourrache. {b} Le vin convient-il ? Il semble que non parce qu’il nuit aux fébricitants. C’est pourtant un excellent cardiaque, il revigore rapidement les esprits et vient en aide aux perturbations de l’esprit. Il convient aux fièvres malignes car il combat la putréfaction et la malignité, mais non la fièvre ; il faut cependant le diluer dans de l’eau d’oseille, de scabieuse, de bourrache. Certains préfèrent l’interdire au début de la maladie, mais l’autorisent dans son augmentation ou dans sa plénitude, quand sa violence effondre les forces. Ce que Plutarque a écrit dans Jules César est à noter : quand son armée manqua de ravitaillement et dut recourir à des aliments de mauvaise qualité, elle fut frappée par la peste ; laquelle disparut pourtant dès qu’il la mena dans une contrée féconde où le vin abondait particulièrement]. {c}


  1. V. notes [4], lettre de Charles Spon, datée du 21 novembre 1656, pour Aétius, [13], lettre 99, pour Celse, et [7], lettre 6, pour Avicenne.

  2. V. note [6], lettre 468, pour l’oseille (dont existent deux variétés, grande et petite), et [2] de l’Observation ix de Patin et Charles Guillemeau, pour la buglose et la bourrache.

  3. V. note [14], du Traité de la Conservation de santé, chapitre iii.

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Charles Spon, le 10 novembre 1644, note 5.

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(Consulté le 29/03/2024)

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