À Nicolas Belin, le 8 mai 1649, note 5.
Note [5]

La Fère (Aisne), sur la rive droite de l’Oise à 13 kilomètres en amont de Chauny, était depuis 1596 un bailliage royal appartenant au domaine de la Couronne de France. Anne d’Autriche l’avait reçu en douaire en 1643. La cour y séjournait volontiers lors de ses voyages vers les frontières du nord-est. Dom Gaspar de Bracamonte y Guzmán, comte de Peñaranda (ou Pigneranda, vers 1595-1676) avait été ministre plénipotentiaire d’Espagne au congrès de Münster avant de devenir ministre des affaires étrangères de la Couronne d’Espagne.

Le Journal de la Fronde ne donne pas la même explication que Guy Patin sur les tractations menées à La Fère par Mazarin et Condé ; il s’agissait non pas de traiter la paix avec l’Espagne, mais de rallier les Weimariens d’Erlach pour se battre contre elle en Flandre (volume i, fo 31 ro et vo, 14 mai 1649) :

« Le même jour, {a} on eut avis de Compiègne que M. le Prince, M. le cardinal, M. le maréchal de Villeroy et M. Le Tellier y étaient arrivés le jour précédent, revenant de La Fère où ils s’étaient abouchés avec le général Erlach qui s’y était trouvé avec trois colonels de son armée ; qu’ils y avaient tenu d’assez longues conférences le soir du 6 et le matin du 7, dans lesquelles il avait été arrêté qu’on donnerait présentement 200 mille écus à ce général sur ce qui est dû à son armée ; qu’on lui avait voulu donner des pierreries pour gage et assurance du reste ; qu’on ne l’avait pas pu obliger d’aller tenter le secours d’Ypres, n’ayant pas voulu s’engager si avant dans le pays ennemi avec environ sept à huit mille combattants qu’il a seulement, lesquels ont plus de 60 mille bouches à leur suite, ayant leur femmes, enfants, valets et chevaux de bagage, et ayant dit qu’il n’y pouvait entrer qu’avec l’armée française qui n’est pas encore prête pour cela ; et qu’enfin il avait été résolu qu’aussitôt après qu’il aurait reçu les 200 mille écus qui lui avaient été promis, il entrerait dans le comté d’Hainaut pour y faire diversion, et qu’on lui donnerait 30 000 livres par jour pour y faire subsister son armée ; mais on ne peut pas parler de toutes ces particularités avec une entière certitude, quoique tous les autres y conviennent puisqu’Erlach s’est plaint à la cour depuis deux jours de ce que l’on ne lui avait pas encore tenu ce qui lui avait été promis, et qu’il a même demandé son congé. »


  1. 8 mai.

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Nicolas Belin, le 8 mai 1649, note 5.

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(Consulté le 25/04/2024)

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