À Claude II Belin, le 11 juin 1654, note 5.
Note [5]

V. note [13], lettre 353, pour Théodore Naudin.

Anabaptistes (T. Corneille) :

« Hérétiques qui ne confèrent le sacrement du baptême qu’à ceux qui ont atteint l’âge de raison, et qui rebaptisent les enfants, ce qui leur a fait donner le nom de rebaptisants. On n’est pas d’accord sur l’auteur de cette secte. Quelques-uns disent que cette hérésie vient de Luther, et les autres l’imputent à Carlostade, à Zwingli ou à Melanchthon. Outre l’erreur qui regarde le baptême, les anabaptistes rejettent le mystère de l’incarnation, aussi bien que la doctrine de la réalité {a} et de la messe. Thomas Müntzer qui enseignait ces erreurs, et qui se vantait vers l’an 1524 d’une révélation par laquelle le Saint-Esprit lui ordonnait d’établir un nouveau royaume à Jésus-Christ avec le glaive de Gédéon, qu’il assurait que Dieu même lui avait remis entre les mains, fit révolter les paysans d’Allemagne contre leurs princes, et cette guerre, qu’on appella des Rustauds, coûta la vie à plus de cent mille de ces malheureux. Ceux qui restèrent reprirent les armes dix ans aprés dans la Westphalie, se saisirent de Münster, et élurent pour leur roi un jeune homme de vingt-quatre ans, tailleur de profession, qui portait le nom de Jean de Leiden, parce qu’il estoit de Leyde en Hollande. Il enseignait la doctrine des anabaptistes qu’il pretendait lui avoir été révélée du Ciel, et dont les principaux points étaient la communauté des biens et la pluralité des femmes, qui devaient aussi être communes. Cet imposteur fut pris en 1535 et reçut la peine qui lui était due. Quelques hérétiques de la primitive Église avaient donné dans la même erreur touchant le baptême, et les cataphryges, les novatiens et les donatistes rebaptisaient ceux qu’ils venaient à bout de pervertir. Le mot d’anabaptiste vient de la particule reduplicative ana et de baptizein, plonger dans l’eau. » {b}


  1. Réalité du corps du Christ dans l’eucharistie (transsubstantiation).

  2. En France, albigeois et vaudois ont pratiqué une forme d’anabaptisme. Seule a vraiment subsisté la question du baptême chez les anabaptistes modernes.

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Claude II Belin, le 11 juin 1654, note 5.

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(Consulté le 29/03/2024)

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