À André Falconet, le 10 décembre 1658, note 5.
Note [5]

Symphorien Champier (Champerius puis Campegius, v. infra note [7] ; Saint-Symphorien-sur-Croise, près de Lyon 1472-ibid. après 1537) était docteur en médecine de l’Université de Montpellier. Membre éminent du corps médical de Lyon, il quitta cette ville en 1506-1507 pour s’établir en Lorraine, où il devint archiatre du duc Antoine ier (qui régna de 1508 à 1544). Il l’accompagna dans les guerres du Milanais. Créé chevalier à la bataille de Marignan (1515), Champier fut brillamment agrégé au Collège médical de Pavie. Revenu à Lyon, il en devint échevin et créa (1527) le Collège dit de la Sainte-Trinité auquel ont depuis été agrégés les médecins de la ville. Il a le premier cherché à établir un parallèle entre la médecine grecque et les principes des Arabes (v. note [7] de l’Observation viii contre les apothicaires).

Sa riche existence et ses ouvrages, non seulement médicaux, mais aussi historiques, politiques et moraux, sont brillamment analysés et mis en perspective dans l’ouvrage intitulé :

Étude biographique et bibliographique sur Symphorien Champier par M. P. Allut, {a} suivie de divers opuscules français de Stmphorien Champier, l’Ordre de chevalerie, le Dialogue de noblesse et les Antiquités de Lyon et de Vienne. {b}


  1. Paul Allut (1794-1880), historien et archéologue lyonnais.

  2. Lyon, Nicolas Scheuring, 1859, in‑8o illustré de 426 pages.

Sur la date incertaine du décès de Champier, Allut écrit, pages 46‑48 :

« Guy Patin le fait mourir en 1535, ce qui ne peut être ; {a} Nicéron et l’abbé Goujet, d’après La Monnoye, dans ses additions manuscrites aux Bibliothèques françaises, {b} disent qu’il mourut en 1539 ou 1540, mais sans donner de preuve à l’appui de cette opinion. Tout ce qu’on peut affirmer, c’est qu’il vivait encore en 1537. Depuis cette année, il n’est plus question de Champier et l’on ne publia plur rien de lui à Lyon. Il est vraisemblable que sa mort doit être placée vers cette date. Toutefois, je n’ai trouvé aucun acte, aucune fondation qui constatent l’époque fixe de son décès. Il mourut comme le plus obscur de ses concitoyens.

On a repéré, d’après Spon, que Champier fut inhumé dans la chapelle Saint-Luc de l’église des Cordeliers, où cet antiquaire dit avoir vu son épitaphe “ fort longue et en lettre gothique ”. Mais Spon, diligent collecteur des antiquités grecques et romaines, avait un profond mépris pour l’épigraphie du Moyen-Âge ; aussi ajoute-t-il qu’on pouvait voir dans l’église et dans le cloître d’autres tombeaux anciens de trois ou quatre cents ans, “ mais qu’il n’a pas voulu en grossir des Recherches, parce qu’il a vu très peu de personnes qui aiment les inscriptions gothiques, soit parce qu’elles sont très difficiles à lire, ou parce que rarement elles ont quelque chose de curieux et d’historique, et qu’elles sont conçues en très mauvais termes. ” {c} En conséquence, il ne se donna pas la peine de vérifier si l’inscription latine en caractères gothiques, que l’on voit encore dans la chapelle de Sint-Luc, était réellement celle de Symphorien Champier. S’il avait daigné la déchiffrer, il aurait vu que cette inscription en vers léonins {d} hexamètres et pentamètres est plus ancienne que Champier, et qu’elle rappelle la fondation faite aux cordeliers, en 1471, par Simon de Pavie. {e} C’est la même qui a été placée aussi sur la façade de l’église à droite de l’entrée principale, mais traduite en vers français. Rien ne rappelle donc la mémoire de Champier dans l’église des Cordeliers, et s’il y fut inhumé, ce qui est probable puisque sa maison était sur la place, presque en face du portail, sa sépulture est inconnue : pas une pierre, pas une ligne ne nous en a conservé le souvenir. Ainsi tout a manqué à Symphorien Champier : sa gloire littéraire, qui semblait devoir lui survivre, a fini avec lui ; sa race s’est éteinte au sein des honneurs et des distinctions qu’il lui avait légués ; de son nom et de son blason, qu’il avait pris soin de faire graver tant de fois sur ses livres, il ne reste rien ; les érudits, qui l’avaient tant loué pendant sa vie, n’euret pas une parole pour exprimer leurs regrets de la perte d’un si savant homme : toutes les Muses retèrent muettes lorsque cet astre brillant s’éclipsa. »


  1. Au début de sa lettre datée du 27 décembre 1658 Patin interrogeait André Falconet sur l’année exacte de la mort de Champier, car il doutait que ce fût en 1535.

  2. V. seconde notule {a}, note [57] du Naudæana 1.

  3. Jacob Spon (v. note [6], lettre 883) : Recherche des antiquités et curiosités de la ville de Lyon, ancienne colonie des Romains et capitale de la Gaule celtique. Avec un Mémoire des principaux antiquaires et curieux de l’Europe (Lyon, Antoine Cellier, 1675, in‑8o), page 151.

  4. V. notule {d}, note [4], lettre 58.

  5. Médecin des rois Charles vii et Louis xi.

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À André Falconet, le 10 décembre 1658, note 5.

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(Consulté le 26/04/2024)

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