À André Falconet, le 28 mai 1660, note 5.
Note [5]

À la suite immédiate du Claudii Galeni Chronologicum Elogium…, {a} dédié à Jacques Mentel, {b} le P. Philippe Labbe publiait une :

Vita Claudii Galeni, Pergameni, medicorum principis, ex propriis operibus collecta, per R.P. Phil. Labbeum, Soc. Iesu Presbyterum ; ad V.C. Guidonem Patinum, Doctorem Medicum Parisiensem, et Professorem Regium.

[Vie de Claude Galien, le prince des médecins, natif de Pergame, colligée à partir de ses propres œuvres, par le R.P. Phil. Labbe, prêtre de la Compagnie de Jésus ; dédiée à M. Guy Patin, très illustre docteur en médecine de Paris et professeur royal]. {c}


  1. « Éloge chronologique de Claude Galien… », v. note [9], lettre 593.

  2. V. note [4], lettre 598.

  3. Paris, Guillaume Benard, 1660, in‑8o de 219 pages.

La dédicace est datée de Paris, le 15 mai 1660. Ce sont douze vers latins (Dodecastichon), où le P. Labbe exprime sa fierté d’avoir pour la première fois reconstitué la vie du maître de Pergame et attribue à Patin le mérite d’avoir illuminé et divulgué sa doctrine :

Indiderat variis Vitæ monumenta Galenus,
Quos de Pæonia scripserat arte, libris :
Verum sparsa olim, ac Medicis vix agnita vestris,
Iam coeunt nostra juncta labore simul ;
Et vitam, lucemque optant : Tibi, Docte
Patine,
Hæc se Pergamei sistit imago Senis.
Memnonis at statua est : ut sit vocalis, amico
Lumine eget. Mundo Sol novus exorere.
Quamque
Galeno ortis vitam lucemque dedisti ;
Sentiat hanc quoque nunc ipse
Galenus opem.
Ut Pater ac Princeps Medicorum jure vocatus,
Filius, et dici possit, et esse tuus
.

[Galien a parsemé les divers livres qu’il a écrits sur l’art de Péon des souvenirs de sa vie ; {a} jadis épars et à peine connus de tes médecins, les voici à présent réunis par notre travail, et ils choisissent la vie et la lumière : tu as sous les yeux, docte Patin, le portrait du vieillard de Pergame ; mais c’est une statue de Memnon ; {b} pour qu’elle parle, elle a besoin d’un éclairage amical. Un nouveau soleil se lève sur le monde. Et tu as procuré lumière et vie à ce que Galien a engendré ; Galien lui-même approuverait aussi maintenant cette aide que tu lui as procurée. Comme on l’appelle justement le père et le prince des médecins, on pourrait aussi dire de lui qu’il est ton fils].


  1. Dieu grec de la médecine, assimilé à Apollon (v. note [8], lettre 997).

  2. Les colosses de Memnon sont deux statues monumentales qui ouvrent le chemin menant à la nécropole de Thèbes en Égypte (Louxor, v. notule {a}, note [6], lettre de Charles Spon datée du 11 septembre 1657).

Ce livre de profonde érudition galénique est très différent du chronologicum Elogium : la Vita fournit les matériaux à partir desquels l’Elogium a été rédigé. Elle est composée de quatre parties qui correspondent chacune à une période de la vie de Galien : 1. de sa naissance à l’âge de 21 ans ; 2. des âges de 21 à 29 ans ; 3. des âges de 29 à 40 ans ; 4. de l’âge de 40 ans à sa mort. Plus longue (78 contre 53 pages) et plus austère que l’Elogium de Galien, sa Vita est enrichie d’un Epimetron [Supplément] de 4 pages (visant à prouver que le livre à Pison sur la thériaque est faussement attribué à Galien) et de deux index (l’un de 25 pages pour les mots et matières du contenu, l’autre pour les livres de Galien qui sont cités dans l’ouvrage).

L’exemplaire conservé à la BIU Santé porte sur sa page de titre trois lignes de la plume de Guy Patin :

Cl. viro D. Carolo du Castel, sanctiori Medicinæ Doctore, offert hancce Galeni vitam Guido Patin, Bellovacus, Doctor Medicus Paris. et Professor regius. Felix qui potuit.

[Me Guy Patin, natif de Beauvaisis, docteur en médecine de Paris et professeur royal offre cette vie de Galien à l’illustre Me Charles du Castel, {a} très vénérable docteur de médecine. Felix qui potuit]. {b}


  1. V. note [24], lettre 226.

  2. « Heureux celui qui a pu », devise virgilienne de Patin (v. note [6], lettre 438).

Véronique Boudon-Millot, directrice du laboratoire « Médecine grecque » (Université de la Sorbonne Paris‑iv et Centre national de la recherche scientifique), coordonne la première édition complète bilingue (grec-français) des œuvres de Galien (v. note [6], lettre 6). Elle a aussi publié sa Vie la plus récente, sous le titre de Galien de Pergame : un médecin grec à Rome (Paris, Les Belles Lettres, 2012). Son Avant-propos expose lucidement les écueils auxquels se heurte encore aujourd’hui une telle entreprise :

« Le premier est commun à tout récit autobiographique antique quand l’absence de témoignages ou de documents contemporains prive le lecteur de toute possibilité de vérification et de validation offerte par la confrontation avec une source extérieure. Tel est le cas de notre médecin, à propos de qui les sources contemporaines, littéraires ou épigraphiques, sont pratiquement muettes, et qui reste de très loin notre principale source sur lui-même et tout ce qui concerne les détails de son existence. »

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À André Falconet, le 28 mai 1660, note 5.

Adresse permanente : https://www.biusante.parisdescartes.fr/patin/?do=pg&let=0612&cln=5

(Consulté le 19/04/2024)

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