À André Falconet, le 31 mai 1661, note 5.
Note [5]

« les rejetons engendrés par des maux muets ».

Au sens propre, un rejeton est le « nouveau bois que jette un arbre, ce qu’une plante pousse de nouveau de sa racine » (Furetière). En médecine, le mot se comprend aisément comme la manifestation externe d’une maladie interne qui couve (sans être donc entièrement muette).

Plusieurs passages du Corpus hippocratique, notamment dans le traité De l’Art, sont consacrés aux difficultés du diagnostic des maladies internes et cachées ; mais je n’y ai trouvé blastêmata qu’isolé des autres mots cités dans la lettre de Guy Patin, et dans un propos de logique sémantique sans rapport direct avec « rejetons » qui peuvent révéler l’existence d’une telle maladie (De l’Art, fin du chapitre 2, Littré Hip, volume 6, pages 4‑5) :

« Et, de fait, ce sont les réalités qui ont donné le nom aux arts ; {a} car il est absurde de penser que les réalités sont produites par les noms ; la chose est impossible ; les noms sont des conventions que la nature impose, mais les réalités sont non des conventions qu’elle impose, mais des productions qu’elle enfante. » {b}


  1. eïdea labein « idées qui sont perçues », qui font le langage des métiers humains.

  2. Ses rejetons : ta de eïdea ou nomothetêmata, alla blastêmata.

Guy Patin a aussi employé cette citation hippocratique quand il a parlé du cancer d’Anne d’Autriche (v. note [8], lettre 831), et d’autres maladies, dont les hémorroïdes, dans sa thèse de 1647 sur la Sobriété (v. sa note [102]) et dans sa lettre 644 (v. note [14]).

Les quatre contextes de cette locution dans Patin (qui était, comme moi, meilleur médecin de latin que de grec) ne m’ont pas convaincu de donner à blastêmata le sens médical (savant et oublié) de « blastèmes », tel que défini par Émile Littré (DLF) : « espèces de substances amorphes liquides ou demi-liquides, épanchées entre les éléments ou à la surface d’un tissu. »

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À André Falconet, le 31 mai 1661, note 5.

Adresse permanente : https://www.biusante.parisdescartes.fr/patin/?do=pg&let=0700&cln=5

(Consulté le 29/03/2024)

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