À André Falconet, le 29 janvier 1664, note 5.
Note [5]

Henriette Bouthillier de Chavigny (1637-1664) avait épousé Louis-Henri de Loménie, comte de Brienne (1636-1698, v. note [40], lettre 488), dont Saint-Simon a laissé ce portrait (Mémoires, tome i, pages 471-472) :

« Quelque temps après mourut M. de Brienne, l’homme de la plus grande espérance de son temps en son genre, le plus savant, et qui possédait à fond toutes les langues savantes et celles de l’Europe. Il eut de très bonne heure la survivance de son père, {a} qui avait eu la charge de secrétaire d’État du département des Affaires étrangères lorsque Chavigny fut chassé. Loménie, qui voulait rendre son fils capable de la bien exercer et qui n’avait que seize ou dix-sept ans, l’envoya voyager en Italie, en Allemagne, en Pologne et par tout le Nord jusqu’en Laponie. Il brilla fort et profita plus dans tous ces pays, où il conversa avec les ministres et ce qu’il y trouva de gens plus considérables, et en rapporta une excellente relation latine. Revenu à la cour, il y réussit admirablement, et dans son ministère, jusqu’en 1664 qu’il perdit sa femme, fille de ce même Chavigny, et sœur de Monsieur de Troyes {b} […]. Il l’avait épousée quatre ans après la mort de Chavigny. {c} Il fut tellement affligé de cette perte, que rien ne put le retenir : il se jeta dans les pères de l’Oratoire et s’y fit prêtre. Dans les suites il s’en repentit : il écrivit des lettres, des élégies, des sonnets beaux et pleins d’esprit, et tenta tout ce qu’il put pour rentrer à la cour et en charge. Cela ne lui réussit pas, la tête se troubla : il sortit de sa retraite et se remit à voyager ; il lui échappa beaucoup de messéances à son état passé et à celui qu’il avait embrassé depuis. On le fit revenir en France où, bientôt après, on l’enferma dans l’abbaye de Château-Landon. {d} Sa folie ne l’empêcha pas d’y écrire beaucoup de poésies latines et françaises parfaitement belles et touchantes sur ses malheurs. »


  1. Henri-Auguste de Loménie (v. note [49], lettre 292).

  2. François Bouthillier de Chavigny, évêque de Troyes.

  3. En 1653.

  4. Abbaye Saint-Séverin de Château-Landon (Seine-et-Marne, 19 kilomètres au nord de Montargis.

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À André Falconet, le 29 janvier 1664, note 5.

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(Consulté le 24/04/2024)

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