À André Falconet, le 8 janvier 1666, note 5.
Note [5]

Secrétiste : « celui qui possède un secret en quelque art » (Littré DLF).

Mme de Motteville (Mémoires, pages 559‑560) :

« Il fallut alors {a} que le roi et Monsieur missent pour deux jours quelque intervalle à leurs divertissements car la reine, leur mère, empira beaucoup. Le lendemain, jour des Rois, elle retomba dans de nouveaux accidents : la fièvre lui redoubla, elle eut un grand frisson et il parut un autre érysipèle que l’on dit être l’effet ordinaire des cancers. La reine mère étant dans un état pire que la mort, on crut qu’elle devait être lasse du remède d’Alliot qui lui causait incessamment {b} une douleur insupportable ; mais elle n’en parlait point et il fallait à peu près le deviner. Plusieurs personnes lui proposèrent de le quitter et de se mettre entre les mains d’un homme qui se disait de Milan, qui depuis quelque temps était venu s’introduire en France, disant qu’il avait un remède infaillible pour le mal de la reine mère. L’ambassadeur d’Espagne avait écrit en Italie pour savoir de ses nouvelles et les relations n’en avaient pas été avantageuses ; mais il traitait une femme qui paraissait se porter mieux depuis qu’elle se servait de lui. L’indifférence de la reine mère était si grande sur ce qui regardait sa vie qu’elle ne paraissait point avoir de volonté déterminée ni de prendre, ni de laisser Alliot. Quand on lui proposait de le changer, elle disait qu’un autre peut-être ferait encore pis et on ne pouvait apercevoir en elle qu’une ferme résolution de souffrir. Elle s’abandonnait entièrement à la volonté de Dieu jusqu’à s’abandonner aussi en toutes choses à la volonté des hommes. Chacun se mêlait de lui donner des conseils, mais elle n’en recevait aucun et ne paraissait pas même fort appliquée à les écouter. Elle renvoyait toujours au roi ceux qui lui en parlaient et le priait d’en ordonner. Il paraissait y penser avec assez d’application pour laisser voir en lui que l’amitié qu’il avait toujours eue pour la reine, sa mère, n’était pas éteinte dans son cœur. Mais la reine mère empirait et les médecins, qui, peu avant, dans un bon intervalle qu’elle avait eu, avaient dit qu’elle ne mourrait pas de son cancer, en désespéraient, et ne sachant plus que faire, lui persuadèrent de se servir du Milanais. Elle y consentit aussitôt sans montrer ni espoir, ni crainte, ni répugnance ; et le 9 de janvier, cet homme lui appliqua ses remèdes, mais ils n’eurent point d’autre effet que de hâter sa mort. »


  1. Le 6 janvier 1666.

  2. Sans cesse.

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À André Falconet, le 8 janvier 1666, note 5.

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(Consulté le 29/03/2024)

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