À André Falconet, le 14 mai 1666, note 5.
Note [5]

Louis-Isaac Le Maistre de Sacy (Paris 1613-1684) était frère de l’avocat Antoine Le Maistre (v. note [45], lettre 544) et il ajouta à son nom celui de Sacy (ou Saci), anagramme de son nom de baptême, Isaac ou Isac. Le Maistre avait été élevé au Collège de Beauvais, à Paris, avec son oncle Antoine, le Grand Arnauld, qui était à peu près de son âge, et s’adonna à cette époque avec un certain succès à la poésie. D’une grande piété, le jeune homme s’était placé sous la direction de l’abbé de Saint-Cyran dont il adopta aveuglément les idées ; il avait habité Port-Royal, où il se trouvait lors de la première dispersion des solitaires (1638), et ne s’était décidé à recevoir la prêtrise qu’à l’âge de 37 ans, en 1650.

Quelque temps après, il était devenu le directeur des religieuses de Port-Royal. Il avait vécu alors dans ce monastère auquel il avait donné tout ce qu’il possédait, partageant son temps entre l’étude et les exercices de piété. Sacy avait pris la défense des jansénistes contre les jésuites avec une certaine vigueur, bien qu’il fût très circonspect et timide. Les jésuites ayant publié en 1653, sous le titre de Déroute et la confusion des jansénistes, un almanach contenant une estampe qui représentait d’une façon insultante et grossière Jansenius et ses principaux adhérents, Sacy y avait répondu par un écrit en vers, les Enluminures de l’almanach des jésuites (v. note [18], lettre 338).

Lorsqu’avait éclaté, en 1661, la grande persécution contre Port-Royal, il était allé se cacher avec quelques amis dans le faubourg Saint-Antoine ; toutefois, il avait continué à correspondre avec des religieuses de Port-Royal, à voir la duchesse de Longueville, et l’on avait fini par découvrir le lieu de sa retraite. Arrêté le 13 mai 1666, il fut jeté à la Bastille le 26 mai avec ses amis Thomas du Fossé et Nicolas Fontaine.

Pendant les deux années qu’il passa dans cette prison, il se mit à traduire la Bible, travail immense qu’il continua pendant les dernières années de sa vie sans pouvoir le terminer. Sa traduction du Nouveau Testament a été publiée en 1667 avec grand retentissement (v. note [3], lettre 915). Rendu à la liberté en 1669, Sacy en commença l’impression et retourna, en 1675, à Port-Royal-des-Champs, qu’il dut quitter encore une fois lorsque la persécution recommença en 1679. Il alla alors chercher un asile à la campagne auprès de son parent, Simon Arnauld d’Andilly, marquis de Pomponne, et y termina sa vie. Il fut enterré à Port-Royal-des-Champs (G.D.U. xixe s. et Dictionnaire de Port-Royal, pages 626‑632).

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À André Falconet, le 14 mai 1666, note 5.

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(Consulté le 29/03/2024)

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