À Charles Spon, le 17 octobre 1667, note 5.
Note [5]

De 1629 à 1642, Gabriel Naudé {a} avait séjourné à Rome en qualité de secrétaire et bibliothécaire du cardinal Gianfrancesco di Bagno, {b} et rédigé pour lui les :

Considérations politiques sur les coups d’État. Par G.N.P. {c}


  1. Mort en 1653, v. note [9], lettre 3.

  2. V. note [12], lettre 59.

  3. Rome, sans nom, 1639, in‑4o de 222 pages, « Par Gabriel Naudé, Parisien ».

    Guy Patin commentait ici la réédition « Sur la copie de Rome », sans lieu ni nom, 1667, in‑12 de 343 pages.

L’avis anonyme Au lecteur explique la genèse de cette réédition posthume :

« Ce livre n’ayant été composé que pour la satisfaction d’un particulier, {a} on n’en fit imprimer {b} que 12 exemplaires, qui n’ont paru que dans fort peu de cabinets où ils ont toujours tenu le premier rang entre les pièces curieuses ; mais comme le hasard m’en a donné une copie, j’ai cru que je n’obligerais pas peu le public en lui donnant un trésor qui n’était possédé que de fort peu de personnes. Cela joint au mérite de l’auteur et à celui de l’ouvrage, à qui on faisait tort de ne les pas faire connaître, m’ont obligé à le mettre sous la presse, et à insérer à la fin de chaque page la traduction française des citations grecques, latines et italiennes qui sont dans le corps du livre, afin de faire connaître le mérite de l’œuvre à plus de personnes, et donner au livre la seule perfection qui semblait y manquer ; ceux qui le liront admireront ce traité et me sauront bon gré de leur avoir fait part d’une pièce si rare. Adieu. »


  1. Le cardinal Bagno. Le Patiniana I‑4 fournit des précisions complémentaires sur la rédaction et la publication des Considérations politiques (v. sa note [10]).

  2. La préface de 1639, en forme d’excuse, est réimprimée à la suite de l’Au lecteur de 1667, qu’elle permet de comprendre :

    « Ce livre n’a pas été composé pour plaire à tout le mondenbsp;; si l’auteur en eût eu le dessein, il ne l’aurait pas écrit du style de Montaigne et de Charron, {i} dont il sait bien que beaucoup de personnes se rebutent, à cause du grand nombre de citations latines. Mais comme il ne s’est mis à le faire que par obéissance, il a été obligé de coucher sur le papier les mêmes discours, et de rapporter les mêmes autorités dont il s’était servi en parlant à Son Éminence. {ii} Aussi n’est-ce pas pour rendre cet ouvrage public qu’il a été mis sous la pressenbsp;; elle n’a roulé que par le commandement et pour la satisfaction de ce grand prélat, qui n’a ses lectures agréables que dans la facilité des livres imprimés. Et qui pour cette cause a voulu faire tirer une douzaine d’exemplaires de celui-ci, au lieu des copies manuscrites qu’il en faudrait faire. Je sais bien que ce nombre-là est trop petit pour permettre que ce livre soit vu d’autant de personnes que Le Prince de Balzac et Le Ministre de Silhon. {iii} Mais comme les choses qu’il traite sont beaucoup plus importantes, il est aussi fort à propos qu’elles ne soient pas si communes. Et en un mot, l’auteur n’a eu autre but que la satisfaction de Son Éminence, tant pour composer que pour publier cet ouvrage. »

    1. Michel de Montaigne (Les Essais) et Pierre Charron (La Sagesse).

    2. Le cardinal di Bagno.

    3. Jean-Louis Guez de Balzac, auteur du Prince (Paris, 1631, v. note [35], lettre 146), et Jean de Silhon auteur du Ministre d’État (v. note [6], lettre 692).

Dans ce livre, Naudé défend hardiment l’idée que le gouvernement des hommes réclame et justifie une morale particulière. Poussant cyniquement son propos à l’extrême, il va jusqu’à faire l’apologie des tyrans et, ce qu’on lui a le plus reproché, du massacre de la Saint-Barthélemy (v. note [30], lettre 211), dans ce passage (pages 169‑172) :

« Certes pour moi, encore que la Saint-Barthélemy soit à cette heure encore également condamnée par les protestants et par les catholiques […], je ne craindrai point […] de dire que ce fut une action très juste et très remarquable, et dont la cause était plus que légitime, quoique les effets en aient été bien dangereux et extraordinaires. […] Il fallait imiter les chirurgiens experts qui, pendant que la veine est ouverte, tirent du sang jusques aux défaillances pour nettoyer les corps cacochymes de leurs mauvaises humeurs. »

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Charles Spon, le 17 octobre 1667, note 5.

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(Consulté le 20/04/2024)

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