À Christiaen Utenbogard, le 6 février 1669, note 5.
Note [5]

Imprévisible et querelleur, Charles iv de Lorraine était placé sous la tutelle effective de la France, mais entendait préserver l’indépendance de son duché. Depuis la fin de la guerre du Palatinat (février 1667, v. note [4], lettre latine 413), le duc maintenait une armée en ordre de marche et l’employait à harceler ses voisins. Louis xiv lui intima l’ordre de licencier ses troupes, avec la menace d’envahir la Lorraine (comme il fit en août 1670 pour l’occuper jusqu’en 1697, v. notes [1] et [2], lettre 995). Dans son Histoire des duchés de Lorraine et de Bar, et des Trois Évêchés (Nancy, Vidart et Julien, 1833, tome second, pages 238‑239), E.A. Bégin a résumé les événements de début 1669 :

« Charles reçoit d’abord avec dédain l’envoyé de la France ; menace Louis xiv d’une ligue avec l’Empire et l’Espagne, et s’étonne avec raison qu’on lui impose l’obligation de désarmer lorsqu’un ennemi sans bonne foi, sans honneur, {a} est à la veille d’envahir son territoire. Pour toute réponse, d’Aubeville annonça que le maréchal de Créqui, {b} chargé de faire exécuter les ordres du roi, était à Metz avec dix mille hommes et se préparait à entrer en Lorraine. Charles rassemble alors son Conseil : les avis s’y partagent ; on cherche à gagner du temps ; on députe vers Créqui, vers Louis xiv ; Charles assemble une armée nombreuse aux portes de Nancy, décidé à tenter de nouveau les hasards de la guerre. Cependant, les princes lorrains insistant pour la paix, une suspension d’armes fut signée le 17 janvier entre Charles iv et l’électeur, et, le 28, les troupes lorraines reçurent un congé général qu’elles accueillirent par des murmures et des excès. Plusieurs jours après, quelques escadrons occupaient encore Vaudrevanche, Bitche, Hombourg, Longwy, Pont-à-Mousson, Nomeny, Saint-Mihiel, etc. Créqui persuada aux ministres que Charles conservait une armée en ayant l’apparence de désarmer et reçut l’ordre d’occuper les trois dernières villes précitées. Mais bientôt les troupes françaises se retirèrent entièrement des états de Lorraine et ils jouirent quelques mois d’un repos qu’ils n’avaient pas ressenti depuis trente-cinq ans. » {c}


  1. L’électeur palatin, Karl Ludwig von Wittelsbach.

  2. V. note [4], lettre 703, pour François de Créqui ; Jean de Sève d’Aubeville (1610-1687) était négociateur pour la France auprès du duc Charles.

  3. Bégin a résumé ce que L’Histoire de Lorraine… par le R.P. Dom Calmet (Nancy, Antoine Leseure, 1757, in‑4o) avait dit de l’affaire (livre xxxix, tome vi, colonnes 593‑599).

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Christiaen Utenbogard, le 6 février 1669, note 5.

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(Consulté le 24/04/2024)

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