Autres écrits : Commentaires de la Faculté rédigés par le doyen Guy Patin (1650-1652) : 1B. Novembre 1650-novembre 1651, Décrets et assemblées de la Faculté de médecine, note 5.
Note [5]

La Purification de la Sainte Vierge ou Chandeleur était célébrée le 2 février par des processions solennelles avec cierges ardents pour marquer que Jésus-Christ est la lumière du monde, à l’instar des rois et des princes à qui il a conféré leur puissance. L’Université de Paris, représentée par chacune de ses quatre facultés (arts, théologie, droit canon et médecine), remettait solennellement des cierges aux plus hautes autorités du royaume. V. note [33], lettre 554, pour une évocation de sa célébration en 1659.

La harangue lxxxiv, Faite à Monseigneur le duc d’Anjou, {a} par Monsieur Lalemant, {b} recteur de l’Université de Paris, lui présentant un cierge le jour de la Purification de la Vierge (Le Trésor des harangues faites aux entrées des rois, reines, princes, princesses et autres personnes de condition. Par M.L.G., avocat au Parlement. Tome premier, Paris, Nicolas Le Gras, 1685, in‑12, pages 396‑397) en a un peu plus tard illustré l’esprit de déférente soumission :

« Monseigneur,

C’est l’Université de Paris qui, en ce jour de lumière, vient offrir un cierge à Votre Altesse Royale, comme l’astre le plus brillant de la France, et qui approche le plus près du soleil.

C’est un hommage, Monseigneur, qu’elle vient rendre par devoir à votre illustre naissance et, par inclination à votre royale personne. elle vient reconnaître aujourd’hui cette clarté de jugement, ce feu et cette ouverture d’esprit qui ravit la cour, qui surprend et qui éblouit tous ceux qui ont l’honneur d’approcher de Votre Altesse Royale, et qui l’élève autant par-dessus les autres princes, par l’éclat et la générosité de ses pensées, qu’elle est déjà élevée au-dessus des personnes communes par la grandeur de sa race et par la vertu de ses ancêtres.

Votre Altesse nous permettra, Monseigneur, de vous témoigner la joie que nous avons de ce que vous joignez l’assiduité de l’étude à un si beau naturel. Elle nous permettra de vous dire qu’en effet l’esprit et la science des grands fait des coups d’État {c} aussi importants que leur courage et que leur épée, qu’un prince a plus besoin de la tête que du bras, et qu’on a vu de vos aïeuls être aussi redoutables dans leur cabinet que les autres rois à la tête de leurs troupes.

Nous espérons, Monseigneur, que vous ne protégerez pas moins les lettres qu’a fait un de ces grands princes dont vous portez le nom. {d} Nous vous promettons aussi que les lettres ne travailleront pas moins à votre gloire qu’elles ont fait à la sienne.

C’est le souhait et la protestation que vous fait aujourd’hui l’Université de Paris qui, en vous offrant ce cierge, voudrait vous pouvoir témoigner les ardeurs de l’affection sincère et la pureté du zèle respectueux qu’elle a pour Votre Altesse Royale. »


  1. Philippe d’Anjou, né en 1648 (v. note [5], lettre 51), frère puîné de Louis xiv, était alors âgé de cinq à sept ans.

  2. Pierre Lalemant (Reims 1622-Paris 1673), chanoine de Saint-Augustin et professeur de rhétorique au Collège du Cardinal Lemoine, a été recteur de l’Université de Paris de 1653 à 1655 ; il en devint ensuite chancelier (Dictionnaire de Port-Royal).

  3. Brillante action à la gloire de l’État, telle une victoire, militaire ou diplomatique, remportée sur ses ennemis.

  4. Le plus lettré des ducs d’Anjou a été le Bon Roi René (1409-1480).

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – Autres écrits : Commentaires de la Faculté rédigés par le doyen Guy Patin (1650-1652) : 1B. Novembre 1650-novembre 1651, Décrets et assemblées de la Faculté de médecine, note 5.

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(Consulté le 20/04/2024)

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