À Charles Spon, le 1er août 1656, note 50.
Note [50]

« la guérison par les sources minérales est une guérison fortuite et un remède empirique » ; premier tome des Opera omnia de Gabriel Fallope, {a} Tractatus de thermalibus aquis, atque metallis [Traité des eaux thermales, et des métaux], {b} chapitre x (pages 227), Aquæ thermales quot modis fuerint olim, sintque nunc in usu ; et a quonam primum ; quaque ratione fuerint in usum positæ [De quelles manières on a jadis usé et on use à présent des eaux minérales ; qui les a utilisées en premier ; et pour quelles raisons on en a instauré l’emploi] :

At experientia duce inventum fuisse usum omnium thermalium aquarum, vel majoris saltem ipsarum partis : et hinc colligo aquas has esse potius medicamentum empiricum quam rationale ; quoniam aquæ thermales patiantur illud idem, quod multiplicia, et magna vocata medicamenta ; qualis est theriaca, mithridaticum, et his similia. empirica namque hæc sunt medicamenta : quoniam sine ratione sunt composita, et coacervata ; quod autem hoc verum sit, theriacæ compositio palam facit : quia in ipsa multa superflua, multaque contraria ingrediuntur. et ad multos etiam, et inter se contrarios affectus facit, et confert. Sed ratio non patitur superflua in aliquo medicamento poni, tanto minus quæ sunt inter contraria, et quod unum, ac idem medicamentum varios, et illos inter se pugnantos morbos sanet : tamen experientia compertum est. et in usum iam receptum theriacam propulsare, ac fugare varios, contrariosque morbos, quamvis causa sit composita, et superflua in ipsa fuerint posita. Idipsum dico de thermalibus aquis : quia et ipsæ empiricum sunt medicamentum, et ideo censeo, quod ipsarum usus fuerit sola experientia inventus.

[C’est, croyez-le bien, l’expérience qui a fondé l’usage de toutes les eaux thermales, ou du moins de la plupart d’entre elles ; et j’en déduis que ces eaux sont un remède empirique plutôt que rationnel. {c} On admet donc l’emploi des eaux minérales de la même façon que ccelui d’une quantité de remèdes qu’on appelle grands, comme la thériaque, le mithridate et leurs semblables : {d} ce sont bel et bien des médicaments empiriques car nul raisonnement ne préside à leur composition et à leur assemblage ; j’en veux pour preuve flagrante la confection de la thériaque, où entre un grand nombre d’ingrédients superflus et doués de facultés contraires, tout en convenant et étant utile à de mutiples affections dont les natures sont opposées les unes aux autres. Dans toute médication pourtant, la raison ne tolère pas les substances superflues, et encore moins celles dont les effets se contrarient ; elle n’admet pas non plus qu’un seul et même remède puisse guérir un grand nombre de maladies différentes et de natures contraires, même si leur cause n’est pas univoque, et si elles recèlent une part de superflu. Je dis exactement la même chose des eaux thermales : elles sont un remède d’essence empirique, car leur emploi n’est à mon avis fondé que sur l’expérience].


  1. Francfort, 1600, v. note [16], lettre 427.

  2. Les métaux du titre sont ceux que contiennent les eaux minérales. Ce traité est un cours que Falloppe a daté de Padoue le 9 juillet 1556.

  3. V. note [6], lettre 28.

  4. V. note [9], lettre 5.

Guy Patin dénigre les cures thermales en s’appuyant sur une référence imprécise. En me fondant sur l’extrait que j’ai cité, il me semble être de mauvaise foi et dévoyer la pensée de Falloppe, lequel se bornait ici à dire que, comme la thériaque (qu’il ne proscrivait pas), les eaux minérales sont des remèdes empiriques, car leur emploi ne se fonde pas sur le raisonnement (la logique dogmatique), mais sur l’expérience. Si Falloppe les avait jugées dénuées d’intérêt médical, il ne leur aurait sans doute pas consacré un traité de 32 chapitres (76 pages). Je n’y ai pas lu qu’il tenait pour fortuites les guérisons qu’elles procurent. Sur des bases qu’il tenait pour rationnelles, il était au contraire convaincu que leur efficacité est liée aux minéraux qu’elles contiennent.

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Charles Spon, le 1er août 1656, note 50.

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(Consulté le 19/04/2024)

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