Autres écrits : Ana de Guy Patin :
Naudæana 2, note 50.
Note [50]

Martius Galeotus (Marzio Galeotto), médecin érudit et humaniste italien (Narni, Ombrie, vers 1425-vers 1495, dans un lieu incertain). Il a consacré sa vie aux recherches et à l’enseignement, en Italie et en Hongrie.

Son principal mécène fut Matthias Corvin (ou Hunyadi) : fils de Jean, le héros de Belgrade en 1456 (v. note [35] du Patiniana I‑4), Matthias régna sur la Hongrie de 1458 à 1490, et établit la puissance de son royaume en Europe Centrale par de nombreuses guerres contre ses voisins autrichiens, polonais, vénitiens et ottomans.

Gabriel Naudé renvoyait aux pages 126‑130 de son Addition à l’histoire de Louis xi (v. supra note [49]) :

« Quant à Galeotus Martius, qui était originaire de la ville de Narni en Italie, c’était un homme consommé dans les bonnes lettres : grand critique, philosophe, médecin, astrologue, humaniste et orateur, comme en font foi ses livres de Doctrina promiscua, {a} de Homine, {b} de Dictis Matthiæ Regis, {c} de Censura operum Philelphi, {d} et de vulgo Incognitis, {e} desquels, combien que je n’en aie vu que les trois premiers imprimés (il faut néanmoins croire que le quatrième l’a aussi été, vu que Marcile, et quelques autres auteurs et bibliothécaires le citent fort souvent) et le dernier, rempli de fort doctes et curieuses maximes, desquelles on peut voir quelque échantillon dans Vadianus et La Popelinière, est maintenant gardé en la Bibliothèque du roi, où le docte et révérend père Mersenne m’a assuré de l’avoir plusieurs fois vu et feuilleté. {f} Outre ce, il était encore fort adroit au maniement de toutes sortes d’armes et, quoiqu’il fût de corpulence assez grosse, pesante et incommode, il surmonta néanmoins en un défi solennel et par combat réglé le plus habile luicteur {g} de son temps, comme Ianus Pannonius, évêque de Cinq-Églises, {h} a remarqué en cette épigramme :

Qualis in Æthola mœrens Achelous arena
Herculea legit cornua fracta manu.
Talis luctator Galeotto victus Alesus
Turpia pulvere signa reliquit humo.
Mathiæ Regi latiæ placuere palestræ
Risit Strigonia clarus ab arce, pater.
At te ne pudeat ludi cessisse magistro
Improbe ; Mercurius noster et ista docet
. {i}

C’est pourquoi Louis xi, ayant entendu parler d’un tel prodige de savoir, devint comme envieux de Matthias Corvinus, qui l’avait choisi pour maître et compagnon de ses études, et par une honnête émulation lui fit proposer de si grands avantages qu’il se délibéra enfin de {j} quitter la Hongrie pour mieux et plus pleinement savourer l’honneur et la réputation qu’il s’était acquis par ses mérites, et respirer avec toute commodité l’air de la France sous la faveur et la libéralité d’un si puissant roi. Mais, ô malheur étrange ! comme il fut arrivé à Lyon où le roi était l’an 1476, il se trouva si surpris par la soudaine rencontre qu’il en fit que, se précipitant de mettre pied à terre pour le saluer, il tomba de dessus son cheval avec telle violence qu’il se rompit le col et mourut sur la place. » {k}


  1. De Doctrina promiscua liber, varia multipicique eruditione refertus, ac nunc primum in lucem editus [Un livre sur la Doctrine mêlée, empli d’érudition riche et diverse, et publié pour la première fois] (Florence, Laurentius Torrentinus, 1548, in‑8o).

  2. De Homine libri duo… [Deux livres sur l’Homme…] (Bâle, Ioannes Frobenius, 1517, in‑4o).

  3. Libellus elegans… de egregie, sapienter, iocose dictis ac factis Matthiæ sereniss. Ungariæ regis, ad inclytum Ducem Ioannem eius Filium [Élégant petit livre… des dits et faits, remarquables, sages et plaisants, de Matthias, sérénissime roi de Hongrie ; dédié au célèbre duc Jean, son fils] (Vienne, Michaël Zimmermann, 1563, in‑8o).

  4. Le livre « sur la Censure des œuvres de Philelphus » n’a été imprimé qu’en 1932 (Leipzig) sous le titre d’Invectivæ in Franciscum Philelphum [Invectives contre Francesco Filelfo (v. supra note [49])].

  5. Le livre « sur ce qu’ignore le peuple » n’a été publié (en italien, Quel che i più non sonno) qu’en 1948 (Naples). Le manuscrit de la Bibliothèque royale est à présent en ligne dans la bibliothèque numérique Gallica de la BnF.

  6. V. notes [9], lettre de Claude ii Belin, datée du 4 mars 1657, pour Henri Lancelot de La Popelinière, note [5], lettre latine 477, pour Marin Mersenne, et [51] infra pour Marcile et Vadianus.

    Sans y parvenir tout à fait, ma ponctuation a essayé d’améliorer l’intelligibilité de cette interminable phrase.

  7. Lutteur, latinisme archaïque dérivé de luctator.

  8. Janus Pannonius (1434-1472), humaniste hungaro-Croate, était évêque de Pécs, ville de Hongrie qui portait en français le nom de Cinq-Églises.

  9. « Tel Achéloüs qui, se lamentant sur le sable d’Étolie, a ramassé les cornes que la main d’Hercule lui avait brisées, {i} Alesus, vaincu par Galeotus, a laissé sur le sol ses poussiéreuses et déshonorantes enseignes. Les luttes romaines ont plu au roi Matthias et cet illustre père a ri du haut de Strigonie. {ii} Quant à toi, n’as-tu pas honte de t’être laissé aller à te moquer malhonnêtement du maître ? C’est notre ami Mercure {iii} qui nous apprend tout cela. »

    1. Dans le mythe (Fr. Noël), Achéloüs, fils de l’Océan et de Thétys, disputait à Hercule les faveurs de Déjanire. Après avoir perdu plusieurs combats, Achéloüs se transforma en taureau et attaqua Hercule qui le terrassa de nouveau et lui arracha ses cornes. Ce combat s’est déroulé sur les rives du fleuve Thoas, en Étolie (au nord du golfe de Corinthe), qui a depuis reçu le nom d’Achéloos.

    2. Strigonie est l’ancien nom de la forteresse hongroise d’Esztergom (autrement nommée Gran).

    3. Le facétieux dieu messager (v. note [7], lettre latine 255).

  10. Il se décida enfin à.

  11. « Se rompre le col » était se briser le cou, et non le col du fémur.

    Une mort de Galeotus à Lyon en 1476, sous le règne de Louis xi (1461-1483) est en désaccord avec les autres biographies (v. infra notule {e}, note [52]).

    V. infra note [52], seconde notule {a}, pour le récit de sa mort par Pierius Valerianus, que reprenait ici le Naudæana.


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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – Autres écrits : Ana de Guy Patin :
Naudæana 2, note 50.

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(Consulté le 29/03/2024)

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